Crise viticole, comment les vigneronnes et vignerons peuvent-ils se réinventer ?

Crise viticole, comment les vigneronnes et vignerons peuvent-ils se réinventer ?

La colère gronde dans le monde agricole. Changement climatique, charges qui s’envolent, prix de vente en baisse, diminution de la consommation, la filière vin n’est pas épargnée par ce contexte très difficile. Face à la crise viticole, quelles sont les solutions pour tirer son épingle du jeu ? Comment les vigneronnes et vignerons peuvent-ils se réinventer ?

Le vin, un patrimoine français menacé

Le vin est certes reconnu comme patrimoine de la culture française, mais cela n’empêche pas la chute drastique de sa consommation. Celle-ci a diminué de près de 70% en 60 ans, et les prévisions ne sont pas au beau fixe.

Les habitudes de consommation ont changé, on boit moins mais mieux, les repas formels à table sont moins fréquents, le protocole du vin demeure encore trop codifié. Résultat, les français, et surtout les jeunes générations, se désintéressent du vin au profit de la bière et des cocktails.

Les rouges sont les plus impactés par cette dégringolade. Souvent associés aux repas et notamment à la viande, avec des degrés d’alcool plus élevés et des profils sensoriels plus complexes, ils sont d’autant moins en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs.

Les vigneronnes et vignerons doivent réinventer les vins rouges

Il est encore assez fréquent de lire, sur la contre étiquette d’une bouteille de rouge, à déguster avec du gibier. Cet accord est certainement réussi, mais on ne mange pas du sanglier à tous les repas !
Il n’est pas rare que l’on conseille de la boire pas avant 10 ans parce que son équilibre n’est pas encore en place. Un moyen consensuel de signifier que ses tanins sont encore bien trop durs, mais qui demande une certaine capacité d’abnégation, et de la place pour la stocker correctement.

Le vignoble du bordelais, dont les fameux vins rouges ont fait la notoriété, est en première ligne de cette crise.
Les grands vins rouges de garde, souvent élevés en fûts de chêne, trouveront toujours leur place dans un dîner, mais de façon bien plus occasionnelle.

Bien au-delà de la complexité du maillage indigeste des appellations, les consommateurs veulent avant tout se faire plaisir et déboucher une cuvée bien faite, qui révèle son terroir en toute simplicité (lisez notre article Vins de terroirs versus vins technologiques ?).

Les vigneronnes et vignerons doivent repenser leur façon de cultiver la vigne et de vinifier

Se différencier en plantant des cépages plus originaux, limiter les degrés d’alcool en vendangeant plus tôt, proposer des rouges gouleyants en diminuant les phases d’extraction et de macération, réduire l’impact du bois en élevant les vins en jarre, œufs ou amphores.

Afin de pallier à la crise des vins rouges, de plus en plus de domaines s’orientent vers la production de vin blanc de noirs. Des vins blancs tranquilles (sans bulles) élaborés à partir de cépages rouges, qui donnent des cuvées différentes, à la typicité insolite.

Les vigneronnes et vignerons doivent séduire les jeunes générations

Les jeunes sont l’avenir, la filière vin doit absolument les reconquérir si elle veut assurer sa pérennité. Nos descendants ont besoin de légèreté, comment cela peut-il s’appliquer au vin ?

En privilégiant la fraîcheur d’un blanc, la légèreté d’un rosé, l’effervescence de jolies bulles, le fruité et la rondeur d’un rouge de Cinsault, qui peut se déguster un brin rafraîchi.

En proposant des noms de cuvées qui font rigoler (Game of Thrones, Bad Boy, La vie en rosé...), des étiquettes colorées, des vins en canette.

En communicant sur les réseaux sociaux (Instagram, TikTok) de manière ludique et accessible, en sollicitant des influenceurs avec lesquels ils peuvent s’identifier.

Les vins désalcoolisés peuvent-ils être la panacée ?

Face aux tendances hygiénistes de la société, à la mode du light, certains domaines se lancent dans des cuvées allégées en alcool, ou sans alcool, afin de trouver des débouchés commerciaux.
Une solution qui est à ce jour satisfaisante sur le plan économique, peut-être parce qu’elle s’adresse à un marché de niche.

Qu'en serait-il si les volumes proposés augmentaient ? Comment réagiront les consommateurs de vin en quête d’authenticité quand ils comprendront que les méthodes de désalcoolisation font appel à des procédés chimiques sophistiqués ? Qu’un vin sans alcool nécessite une reformulation totale afin qu’il soit buvable ?

La filière vin doit casser certains codes afin de redevenir à la mode, sans renier les valeurs qui en font son charme...

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