Jarres, œufs, amphores : les nouveaux jouets des vinificateurs ?

Jarres, œufs, amphores : les nouveaux jouets des vinificateurs ?

De nouveaux contenants, somme toute assez étonnants, fleurissent les allées des chais. Jarres, œufs, amphores, comment les différencier ? Sont-ils les nouveaux jouets des vinificateurs ? Quels intérêts pour le vin ?

Jarres, œufs, amphores, comment les différencier ?

Tout est une question de forme et de matière...

Les amphores sont oblongues, aux extrémités arrondies, très resserrées au niveau du col, munies de deux anses. Elles sont également en terre cuite. Cette forme originelle est en réalité peu utilisée aujourd’hui pour le vin.

Jarre est un terme générique, regroupant ces contenants ovales, de capacités variables et constitués de matériaux différents.

Elles peuvent être plus ou moins évasées au niveau du col, selon si elles sont utilisées en vinification ou en élevage. La macération des rouges nécessite une ouverture bien plus large afin de pouvoir retirer le marc à la fin de cette étape.
Leurs volumes variables (autour de 20 à 1200 litres) permettent de s’adapter aux besoins et de réaliser des vinifications parcellaires.
Les puristes restent fidèles à la traditionnelle terre cuite, alors que d’autres s’aventurent au grès et à la porcelaine.

Les œufs portent fort bien leur nom puisqu’ils respectent l’œuvre de nos gallinacées préférées. Ils sont principalement en béton, pouvant être munis de porte inox afin de faciliter le décuvage, de capacités généralement plus grandes (autour de 700 à 1700 litres).

Sont-ils les nouveaux jouets des vinificateurs ?

Il serait usurpateur de parler de nouveauté pour des contenants datant de l’antiquité (lire notre article Les vins en amphore, un triomphe ancestral).

Les amphores étaient employées à l’époque pour le stockage et le transport du vin en méditerranée. Les premières jarres utilisées pour faire du vin provenaient du nord du Caucase, et notamment de Géorgie, où les mythiques kvevri sont encore d’actualité (lire notre article A la découverte des vins de Géorgie).
Dolia en latin, pithos en grec, tinaja en espagnol ; Les jarres en terre cuite étaient les outils incontournables en vinification.

Elles ont été remisées quand le métier s’est professionnalisé, pour plus de praticité, avant de revenir en grande pompe ces dix dernières années, concomitamment à la quête d’authenticité qui anime le monde du vin (lire notre article Rentrée 2022 : les 4 tendances pour votre cave à vin).

Un jouet qui coûte cher, beaucoup plus onéreux qu’un fût de chêne, bien qu’il représente un investissement à long terme puisque les barriques nécessitent d’être remplacées au bout de quelques années, offrant un véritable attrait pour les qualités organoleptiques de notre breuvage préféré.

Quels intérêts pour le vin ?

Les jarres sont poreuses, elles assurent une micro-oxygénation du vin, tout comme les barriques, mais sans apporter les arômes et les tanins du bois.
Ces entrées raisonnées d’oxygène stabilisent la couleur des rouges, arrondissent leurs tanins, évitent les odeurs de réduction.
Les vins bénéficient des avantages de l’élevage en fûts de chêne sans en être marqués au niveau sensoriel. Ils sont ainsi plus proches de leurs terroirs et des cépages dont ils sont issus.

La forme ovoïde engendre une circulation naturelle du liquide, favorable aux échanges entre les lies et le vin, lui apportant plus de gras, de rondeur, notamment sur les blancs (lire notre article L’élevage des vins sur lies).

La terre cuite, le grès et le béton sont des matériaux qui possèdent une inertie thermique plus importante que celle du bois ou de l’inox, bénéfique à la bonne conservation du vin.

Les jarres en grès sont particulièrement recommandées pour l’élevage des blancs. Moins poreuses que la terre cuite, elles donnent des vins élégants, fruités, qui exprimeraient plus de minéralité.

Jarres, œufs, amphores, il semblerait que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures cuvées ! Plus raisonnablement, ces anciens contenants revisités offrent une autre alternative à l’épanouissement du vin, ainsi qu’à celui des vigneronnes et vignerons.

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