Comment faire un vin à moins de 6 euros ?

Dans un contexte économique où les fins de mois sont difficiles, les cuvées à petits prix peuvent tirer leur épingle du jeu. Il est alors légitime de se demander comment faire un vin à moins de 6€ ? Quelles sont les variables d’ajustement à la vigne et au chai ? Quel est l’impact sur la qualité des produits ?

On fait un vin à moins de 6€ en augmentant les rendements

Le rendement agronomique d’un vignoble est la quantité de vin produite à l’hectare, exprimée en hl/ha. Il va de soi que, plus une parcelle est capable de produire des raisins, donc du vin, moins celui-ci sera potentiellement cher.

Comment augmenter les rendements ?

En s’orientant vers des cépages productifs, comme le Melon de Bourgogne, le Colombard, le Cinsault, le Carignan... En effectuant aussi une taille plus longue, en laissant plus de bourgeons fructifères (lire notre article Pourquoi taille-t-on la vigne ?). Et enfin, en poussant plus la plante, en augmentant la fertilisation.

Il faut cependant savoir que, afin de garantir la qualité, les rendements sont limités par les cahiers des charges des IGP (entre 90 et 120 hl/ha) et des AOP (entre 35 et 60 hl/hectare). Seule la catégorie Vin De France n’impose pas de rendement maximum autorisé. Un rendement élevé ne rime pas souvent avec qualité...

Plus une vigne produit de raisins, plus elle aura besoin d’eau et de nutriments. Dans un contexte de réchauffement climatique, notamment dans le sud de la France, il devient alors obligatoire d’irriguer les parcelles.
Dans le cas de millésimes difficiles, où la pression "maladies" est forte suite à de trop nombreux épisodes pluvieux, les parcelles plus productives et vigoureuses nécessitent plus de traitements phytosanitaires. Est-il encore possible de parler de viticulture raisonnée ?

Quid des vins biologiques, dont la méthode de production engendre des rendements significativement inférieurs et des surcoûts de production. Et quid des vieilles vignes, dont les rendements sont mis à rude épreuve par l’épreuve du temps.

On fait un vin à moins de 6€ en industrialisant les procédés

Le temps c’est de l’argent, ce vieil adage n’épargne pas notre breuvage préféré. La réalisation d’un vin à moins de 6€ nécessite d’industrialiser le plus possible la culture de la vigne et la vinification en vue de limiter au maximum les coûts de production. En effectuant une taille mécanique, en vendangeant à la machine, en pilotant automatiquement les fermentations et les extractions, en utilisant des chaînes de thermovinification.

On fait un vin à moins de 6€ en faisant des économies d’échelle

Les vins pas chers sont majoritairement produits par des négociants, caves coopératives et grosses exploitations, qui optimisent le matériel (machines à vendanger, tracteurs, pressoirs, cuves...) et économisent en achetant des fournitures en plus grandes quantités (produits de traitements et œnologiques, bouteilles, bouchons, cartons...).

On fait un vin à moins de 6€ en le bradant

En situation de crise viticole, certaines structures, qui se retrouvent avec des vins sur les bras, succombent à la tentation de les brader afin de limiter les stocks. Une solution certes bénéfique à court terme, mais qui ne valorise ni les terroirs, ni les femmes et les hommes, ni leur savoir-faire, ni les vins.

Quel est l’impact sur la qualité du vin ?

Vous l’aurez compris, la mise sur le marché d’une bouteille à moins de 6€ est la résultante d’une viticulture plus intensive, d’une vinification plus industrialisée, à l’apanage de grandes structures.

Je vous mets au défi de dégoter des grandes cuvées qui vous font rêver, des vins de terroirs, issus de vieilles vignes, des vins de garde élevés en fûts de chêne, dans cette catégorie. En revanche, cela ne vous empêche pas d’avoir du plaisir avec un blanc frais et aromatique à l’apéritif, un rosé les pieds dans l’eau, ou un rouge léger et fruité avec une planche de charcuteries !

Il y a des vins pour toutes les bourses, toutes les convictions, tous les palais, tous les moments de vie et toutes les envies !