5 effets du réchauffement climatique sur le vin

5 effets du réchauffement climatique sur le vin

Depuis 1980, le coup d'envoi des vendanges est lancé plus tôt chaque année. En moins de 40 ans, la saison des récoltes a avancé de 10 jours en moyenne. La raison ? Le changement climatique. De l'Alsace au Sud-Ouest en passant par la Bourgogne et la Vallée de la Loire, la température des vignobles augmente, entrainant la maturité plus précoce des raisins. Si ces nouvelles conditions climatiques profitent aujourd'hui aux viticulteurs, la hausse du thermomètre pourrait bien changer le goût du vin dans les années à venir…

Des raisins arrivant à maturité de plus en plus tôt

La date des vendanges n'est pas fixe d'une année à l'autre. L'indicateur le plus fiable est la floraison de la vigne. Mais si les vignerons comptent en moyenne 100 jours entre l'apparition des premières fleurs et le début des vendanges, il reste impossible de connaître en 2016 le premier jour de la récolte de 2017. Le changement climatique n'arrange pas ce phénomène. Avec des pics de chaleur et un ensoleillement plus prononcé, le raisin est mûr de plus en plus tôt. Seul problème, les températures du mois d'août sont moins propices aux vendanges que celles de fin septembre. De plus en plus de vignerons se tournent alors vers les récoltes nocturnes, ou très matinales, pour éviter l'oxydation des raisins lors sous l'effet du soleil.

Des millésimes de meilleure qualité

C'est une certitude à court terme : tant que les hausses de température ne dépassent pas 2 degrés, le réchauffement climatique est favorable aux vignerons. La proportion de raisins qui atteignent leur maturité optimale augmente, ce qui permet d'obtenir des millésimes de plus en plus homogènes. Impossible cependant pour les scientifiques de l'INRA de prédire la qualité des vins produits en 2050, même s'ils rappellent que les rouges et les blancs que nous dégustons aujourd'hui n'ont déjà plus rien à voir avec ceux qu'appréciaient nos grands-parents.

Des cépages en voie de disparition

Depuis janvier 2016, l'INRA mène des recherches en Alsace pour anticiper le réchauffement climatique. Les scientifiques ont soumis l'un des cépages emblématiques de la région, le riesling, à des tests. Le résultat est sans appel : exposé à des températures supérieures de 6°C, le raisin perd ses arômes floraux. Le taux de sucre grimpe et l'acidité diminue. Les vins qui en sont issus n'ont donc plus rien de comparable aux rieslings d'aujourd'hui. On peut alors imaginer que les cépages les plus précoces disparaitront petit à petit, remplacés par des clones génétiquement modifiés pour résister à la chaleur et à la sécheresse, ou par des cépages traditionnellement plantés sur le pourtour méditerranéen. Le mourvèdre pourrait ainsi remplacer le pinot noir dans le vignoble alsacien, et les cépages grecs et portugais se faire une place sous le soleil de Colmar.

Un goût du vin différent

Soumise à la chaleur et à la sécheresse, la vigne donne des raisins plus concentrés en sucre. Le degré d'alcool contenu dans le vin grimpe alors mécaniquement, ce qui peut se révéler désagréable avec le temps. Les vins blancs perdent de leur acidité, tandis que les vins rouges deviennent plus capiteux. D'ici 2050, les vins produits dans le nord de la France pourraient ainsi se rapprocher des crus du Languedoc. Les scientifiques restent toutefois prudents : il est impossible de connaître aujourd'hui le goût des vins produits dans 30 ans.

De nouveaux vignobles apparaissent

Pour lutter contre les effets du changement climatique, 2 options sont envisagées : mettre au point des cépages conçus pour résister à la chaleur, et adapter la physionomie des vignobles.
En Alsace comme en Bourgogne ou dans la Vallée de la Loire, les versants aujourd'hui exposés au nord seront peut-être privilégiés d'ici quelques années, pour garder la fraicheur qui fait le caractère de leurs vins. Les sols moins drainants, comme le granit, seront aussi prisés. De nouveaux vignobles pourront également faire leur apparition, en Normandie, au Royaume-Uni, en Bretagne ou dans les pays du Benelux. De là à prédire la fin des vins de Bordeaux ou de Provence, il y a un pas qui n'est pas encore franchi.

Merci à Eric Duchêne, ingénieur de recherche à l'INRA de Colmar

Article mis à jour par Marie Lallemand.

Publié , par
Mise à jour effectuée

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher