Les vins liquoreux : compliqué, mais avec les honneurs

Les vins liquoreux : compliqué, mais avec les honneurs

Comme dans tous les millésimes chauds et secs, les vins liquoreux construits sur le botrytis ne sont pas à la fête. Avant d’attaquer les vendanges, les dernières pluies dataient du 15 juillet, du 9 août au mieux. Celles d’ailleurs du 15 juillet et surtout la grêle du 15 juillet aussi ont fait du dégât dans certains châteaux comme Guiraud ou à Climens. Sur les 2000 ha de l’appellation, 400 ont été sévèrement touchés. Guiraud ne sortira pas de grand vin en 2018 et Climens n’a pas pu faire ses dégustations habituelles lors des primeurs.

Il faisait ensuite beaucoup trop chaud et trop sec pour espérer l’arrivée du champignon. Les premiers brouillards automnaux ne sont venus qu’en fin septembre, mais le botrytis a eu du mal à s’installer et bien des cuvées sont marquées par le passerillage des premières tries.

Ceux qui ont la patience et surtout les moyens d’attendre le botrytis, le mildiou avait fait des ravages comme partout ailleurs, ont ramassé une belle qualité à partir du 20 octobre. Les vins sont de densité moyenne, mais sans lourdeur et avec fort peu de faux-goûts.

AOPBarsac

Ch. Broustet 2e cru 90-91

La robe est encore trouble et le nez est discret. Le vin est plein avec du gras et aussi une petite déviation métallique, la finale est un peu végétale.

Ch. Climens 1er cru Non noté

La pourriture noble a fini par arriver le 10 octobre. Les dernières grappes ont été ramassées le vendredi 26 octobre juste avant la pluie et le froid. La récolte est minuscule, mais de très haute qualité. En raison de la grêle, le château n’a quasiment pas produit de vin en 2018.

Ch. Closiot Clos Bonneau 93-96

Acheté récemment par Jean-Marie Guffens, le Clos Bonneau qui est l’ancien nom de la propriété est élevé avec 50 % de fûts neufs. La première incursion du nouveau propriétaire est une réussite, mais avec une quantité très limitée (5000 bouteilles). Malgré une belle richesse, le vin est très équilibré grâce à une belle fraîcheur sous-jacente. Pourtant, il frisait les 23° potentiels et il possède 150 grammes de sucres résiduels, mais avec une droiture et une franchise d’expression qui change tout. Il est vendu à 53 € HT chez Verget.

Ch. Closiot Les Dames du Clos 95-98

Dans cette cuvée spéciale du château Closiot, Les Dames du Clos, Jean-Marie Guffens s’est montré impitoyable dans le tri du botrytis, particulièrement difficile en 2018. Le résultat est très convaincant avec un vin remarquable, mais limité à un millier de bouteilles de  crème de tête  comme on l’appelait autrefois. Ce nectar qui talonne les 25° potentiels avec 180 grammes de sucres résiduels montre bien sûr son extrême concentration, mais avec un côté aérien qui est la magie du terroir de Barsac. Il est élevé en bois neuf bien sûr. Il est vendu à 104 € HT chez Verget.

Ch. Coutet 1er cru 94-95

La robe est encore trouble, mais d’un jaune profond. Le nez est très ouvert avec une belle complexité. La bouche est élégante et fraîche, de demi-corps mais très persistante, les arômes sont bien définis, jolie finale sur la sucrosité ce qui est rare. Le vignoble est planté de 75 % sémillon, 23 % sauvignon blanc et 2 % de muscadelle. Mauvaise nouvelle, le rendement est de 3 hl/ha. Élevage avec 50 % de fûts neufs.

Ch. Doisy-Daëne 2e cru 89-92

Une fois n’est pas coutume, le vin a été élaboré en pur sémillon. La robe est pâle et le nez discret au premier abord avec un vin de demi-corps, léger, aérien, très barsacais sauf la finale qui affiche une sucrosité inhabituelle au charme ravageur.

Ch. Doisy-Daëne L’extravagant 94-96

Le vin est élaboré comme d’habitude en pur sauvignon sur terroir calcaire, ce qui lui permet de maintenir une bonne fraîcheur alors que les baies ont été ramassées une par une en haute couture avec des quantités très limitées. Le vin est très riche avec un beau rôti, mais aussi une sucrosité un peu plus importante que d’habitude.

Ch. Doisy-Védrines 2e cru 92-93

La robe paille est encore trouble avec un joli nez résineux. Le vin est équilibré avec une belle fraîcheur plutôt que sur la sucrosité, l’ensemble est bien construit, petite amertume en finale. Élevage avec un bon tiers de fûts neuf, rendement d’un peu plus de 10 hl/ha.

Ch. Myrat 2e cru

Un vin de bonne facture, très souple et rond, le botrytis est bien présent, mais l’ensemble un peu mou, quoique très décent pour un 2018. Bel effort.

AOP Sauternes

Ch. Bastor Lamontagne 89-90

La robe est paille avec un nez discret évoluant vers le foin et le miel. Le vin est léger mais avec un milieu de bouche suave d’une bonne pureté, beaux arômes et une consistance inhabituelle qui lui sied bien. Un joli Bastor qui se déguste avec plaisir.

Ch. Cantegril 89-90

Robe paille. Joli nez confit. En bouche, le vin est un peu moins précis, pas encore en place, peu de rôti. 100 % sémillon

Ch. Clos Haut Peyraguey 1er cru 92-95

Élaboré par l’équipe Magrez, le vin se présente avec une belle robe dorée et un nez superbe très intense, très miel, mais aussi orange confite et des notes un peu boisées. Le vin est élégant avec un joli rôti, beau milieu de bouche à la fois confit et frais. L’ensemble n’est pas très long, mais joliment réussi. Une des réussites du millésime. Il est élaboré avec 97 % sémillon et 3 % sauvignon.

Ch. d’Arche 2e cru 89-91

La robe est dorée avec un nez de fruits tropicaux et de mangue. En bouche, le vin sauve les meubles loin de la richesse flamboyante du 2017, mais avec un bel équilibre.

Ch. de Fargues 93-95

Robe paille dorée encore trouble. Le nez est très intense sur le miel mais aussi le citron confit. Le vin est ample avec un joli milieu de bouche botrytisé, le vin possède du volume, de la fraîcheur aussi. Belle réussite dans un millésime pas trivial, d’autant que Fargues a été très touché par la grêle.

Ch. de Rayne-Vigneau 1er cru 92-94

La robe est paille dorée, encore un peu trouble. Le nez est dominé par des notes de foin coupé (réduction), mais avec du citron confit. Le vin est élégant avec un joli rôti, pas très long, mais sans lourdeur.

Ch. d’Yquem 1er cru supérieur Grand vin Non noté

Le château d’Yquem n’a pas présenté ses vins cette année.

Ch. Filhot 2e cru 90-91

L’échantillon n’est pas au mieux de sa forme, mais le botrytis, si rare en 2018 est bien présent. À revoir.

Ch. Guiraud 1er cru Non noté

Une terrible grêle le 15 juillet a décimé tout le vignoble. Le château ne produira pas de grand vin en 2018. Il y aura un peu de vin blanc sec G de Guiraud et peut-être un peu de second vin.

Ch. Haut Bergeron 92-94

La robe est paille avec un joli nez raffiné. Le vin est dense, doté d’une belle matière, il possède de la densité, de la fraîcheur et même un joli rôti avec du gras, belle finale très mirabelle. Il a été élaboré avec 85 % sémillon et 15 % sauvignon et figure, cette année encore, parmi les plus belles réussites de l’appellation.

Ch. La Tour Blanche 1er cru 92-93

La robe paille est encore très trouble. Joli nez bien constitué avec des notes de fruits confits. Le vin est de bonne densité, très foin coupé, un peu réduit, sur la sucrosité, mais sans excès avec un peu plus de fluidité.

Ch. Lafaurie-Peyraguey 1er cru 92-94

La robe est paille encore un peu trouble. Nez de citron confit de bonne pureté. Le vin est de bonne facture, pas très riche, mais élégant et bien construit. Jolie finale fraîche avec un beau rôti.

Ch. Rabaud-Promis 1er cru 90-92

Le vin est élégant, de bonne longueur avec une jolie finale. Il s’en sort bien de ce millésime difficile.

Ch. Raymond-Lafon 92-94

Robe paille. Le nez est encore un peu réduit, mais la bouche est de bonne facture, joli rôti pas très long, mais avec de la fraîcheur. Il est élaboré avec 80 % sémillon et 20 % sauvignon.

Ch. Rieussec 1er cru 92-94

Encore très trouble, la robe est très pâle avec des arômes de citron confit. Le vin est de demi-corps, étonnamment frais, sans le gras de l’époque Chevalier, mais avec plus de précision et aussi de sauvignon. La stratégie de ramassage n’est plus la même avec la recherche d’un vin moins riche et plus frais, même si l’orange confite en finale est la même. Changement d’époque... Rendement de 17 hl/ha (Rieussec a été touché par la grêle du 15 juillet) pour un vin constitué de 75 % sémillon et 25 % sauvignon blanc vendangé entre les 10 et 31 octobre en trois tries.

Ch. Romer du Hayot 2e cru 88-91

Le vin joue délibérément la fraîcheur et la franchise, mais il est loin de la production habituelle du château, conditions du millésime obligent.

Ch. Sigalas-Rabaud 1er cru 93-94

La robe est paille, encore un peu trouble. Le vin est frais, élégant, propre, de bonne longueur, beaucoup plus raffiné, sans la richesse d’autrefois. Un vin plutôt demi-sec, mais d’une très belle prestance.

Ch. Suduiraut 1er cru 93-96

Le château a été heureusement épargné par la terrible grêle, mais il a fallu batailler ferme pour trouver du botrytis bloqué par la sécheresse. De robe paille, il séduit par des arômes inhabituels de poivre. Très moyennement concentré, le vin s’impose par son ampleur et sa suavité. Certes, il n’est pas très long, mais il tient son rang dans un style plus léger mais qui ne manque pas d’harmonie. Il est en pur sémillon et il est élevé avec 50 % de fût neuf et 50 % en fût d’un vin. Son équilibre est à 13,8° d’alcool avec 125 g/l de sucre résiduel et 3,8 g d’acidité totale (en 2017, 14° et 140 g/l et 3,9 g d’acidité). Bel effort très justement récompensé par un vin qui tient son rang.

AOP Loupiac

Ch. Les Roques 89-90

La robe est paille avec un nez intense de miel. Le vin est ample et large, léger flottement en bouche, belle finale explosive. Il est élaboré avec 80 % sémillon, 18 % sauvignon et 2 % muscadelle.

AOP Sainte Croix du Mont

Ch. du Pavillon 88-89

Robe paille. Le vin est léger, fluide, un peu sec. Il est élaboré avec 80 % sémillon, 18 % sauvignon, 2 % muscadelle.

AOP Bordeaux blanc (vins blancs de la région de Sauternes)

Comme les vins liquoreux ne se vendent pas très bien, la tentation est forte est d’élaborer des vins secs, non sans succès d’ailleurs. Mais peu sont vendus en primeurs.

Ch. Guiraud G de Guiraud Non noté

Une terrible grêle le 15 juillet a décimé tout le vignoble. Le château ne produira pas de grand vin en 2018. Il y aura un peu de vin blanc sec G de Guiraud, 50 000 bouteilles au lieu de 180 000 soit un rendement de 4,1 hl/ha. Sauvignon et sémillon sont à parts égales 50/50. Il n’a pas pu être dégusté pour le moment. Le vin est certifié bio.

Ch. Suduiraut Blanc sec de Suduiraut 88-89

Second vin de S, le vin est marqué par un joli sémillon qui lui donne à la fois de jolis arômes de miel et un joli velouté, le sauvignon se contentant de lui apporter un peu de fraîcheur. Il est composé de 53 % sémillon et 47 % sauvignon blanc avec un élevage de 55 % en barriques (5 % de neuf) et 45 % en inox pendant 6 mois. Les vendanges se sont déroulées du 3 au 12 septembre avec une production divisée de moitié par rapport à 2017. Il titre 14° (13,7° en 2017) avec une acidité totale de 3,4 (4,15 en 2017).

Ch. Suduiraut S de Suduiraut vieilles vignes 92-94

Le nez discret et évolue lentement à l’aération vers une belle complexité. Le vin est serré, dense avec de la rondeur, et plus de puissance que d’habitude, plus de longueur aussi. Il titre 14,5° soit plus que 2017 (14°) avec moins d’acidité (3,6 è au lieu de 4,3) d’où le sentiment de rondeur. Il est élaboré avec 60 % sémillon et 40 % sauvignon blanc. Il est élevé en barriques (15 % fût neuf, 70 % fût d’un vin et 15 % fût de deux vins). Vendanges très resserrées du 5 au 7 septembre. C’est un bébé.

Retrouvez les notes et commentaires de dégustation de Bernard Burtschy par région en cliquant sur les liens ci-dessous :

- Médoc
- Margaux
- Saint Julien
- Pauillac
- Saint Estèphe
- Moulis et Listrac
- Les Graves
- Pomerol et Lalande de Pomerol
- Saint Emilion
- Les satellites
- Le Fronsadais et les vins de Côtes
- L'Entre-Deux-mers

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