Vins du Québec : diversité et renouveau en rouge, blanc et or

Vins du Québec : diversité et renouveau en rouge, blanc et or

Pour beaucoup, l’est du Canada est arrosé de neige plutôt que de bons vins. C’est sans compter sur l’adaptation des vignerons à leur environnement, ainsi que sur leur dynamisme, remettant au goût du jour les vins blancs et rouges, et faisant perdurer leur réputation pour les vins et cidres de glace.

Les origines françaises

Si le raisin n’a pas attendu les Français pour pousser sur le territoire québecois, c’est eux qui ont initié les premières transformations du fruit en vin, dès l’arrivée du premier colon Jacques Cartier.
Ayant observé que certains microclimats, notamment autour de Montréal et dans les cantons de l’est ainsi que dans l’île d’Orléans, étaient propices à la culture de la vigne, ils tentèrent les premiers essais que ne se révélèrent pas vraiment concluants, mais qui trouvèrent un premier débouché comme vins de messe.

Ce fut l’avènement de la Confédération en 1867 (qui vint mettre de l’ordre entre les Européens installés au Canada) qui permettra la reprise par le Québec de son marché et de sa production : et voilà la naissance d’une véritable viticulture locale.
C’est tout naturellement que les cépages traditionnellement cultivés dans le nord de l’Europe trouvèrent leur place en ces terres froides l’hiver mais aux saisons estivales courtes et chaleureuses : riesling, chardonnay, gewürtzraminer, pinots et sauvignon, aux côtés de nouveaux cousins, taillés pour les hivers rudes et aux noms emprunts de terroir, comme le Vidal, le Seyval, le Frontenac (comme la Château Frontenac à Québec City), ou encore le Maréchal Foch.

Un climat particulier

Températures hivernales pouvant atteindre les -40 °C, de nature à tuer les bourgeons, saison végétative tardive (avril, voire mai… ) : autant de facteurs susceptibles de décourager les braves. Mais, forts de l’ensoleillement estival et des chaleurs parfois prononcées et armés d’ingéniosité, les vignerons québecois utilisent des cépages résistants dits hybrides et complantent, tout en pratiquant des méthodes culturales permettant de protéger les ceps (enterrés pendant la période hivernale et généralement débutés vers le mois d’avril, ou encore avec l’utilisation de membranes géotextiles, sorte de toile recouvrant le vignoble pour le protéger du gel).

On compte aujourd’hui sept provinces viticoles au Québec, pour un total de 800 hectares de vignes, avec des exploitations inférieures à 10 hectares pour 80% d’entre elles.
La production vitivinicole connait une croissance exponentielle depuis les années 80, qui l’ont vraiment vu éclore, en tous cas dans sa diversité de couleurs et de types de vin : des blancs aux liquoreux en passant par les rouges, rosés, mutés, fortifiés, effervescents : peu de vins manquent à l’appel de la production québecoise.
Une IGP (Indication Géographique Protégée) a vu le jour en 2018, avec une IGP propre à la star des vins canadiens (faute de mieux connaître les autres) : les vins de glace.

L’autorité suprême : les vins de glace

Les vins de glace doivent leur existence au hasard, lorsque des vignerons autrichiens se firent surprendre par des gelées précoces en 1794. Contraints de presser les raisins gelés, ils découvrirent avec bonheur que le résultat était plutôt bon !
Complexité aromatique, sucrosité doublée d’une belle acidité, taux d’alcool raisonnable, aux arômes d’abricot, de miel, de fruits confits et de fruits exotiques : une équation gagnante !
Avec la production de la province de l’Ontario, du Québec et de la Nouvelle-Ecosse, le Canada est le premier producteur mondial de vin de glace.
Leur élaboration relève d’un processus particulier : le raisin est laissé sur les pieds au mis en filet au-dessus des vignes, restant ainsi exposé au vent, gels et dégels, pour obtenir sa dessiccation (élimination de l'eau).

Mise en filet - @Domaine de l'Orpailleur
Mise en filet - @Domaine de l'Orpailleur

Plus les températures varient entre les périodes de gels et de dégels, plus le millésime s’annonce bon. La vendange a lieu au cœur de l’hiver, puisque les températures doivent se situer entre -8 et -12°C pour que l’eau contenue dans le raisin reste gelée (pour en apprendre plus : rendez-vous ici).

Vendange de glace - @Domaine de l'Orpailleur
Vendange de glace - @Domaine de l'Orpailleur

Comme les températures, les prix peuvent atteindre des sommets, dus au faible rendement : une grappe étant équivalente à une goutte de vin de glace quand elle peut produire une bouteille de vin classique.

Aux côtés des vins de glace, les cidres de glace tiennent eux aussi une belle place : raisins ou pommes, à vous de choisir ! D’autant que ce luxe n’est possible en France que depuis 2001, date à laquelle la Commission européenne a autorisé leur importation. Certains les préfèreront en apéritif, d’autres plutôt en vin de dessert ou de fromage si vous n’êtes pas un bec sucré : avec un comté, un Beaufort ou toutes les pâtes dures un peu fleuries, cela fonctionne à merveille.

Nous vous conseillons de faire un tour sur le site de l’épicerie Kanata, qui propose un coffret découverte avec un cidre de glace de la marque Neige, un vin de glace du célèbre Peller Estates et le poiré de glace Tabarnak ! du très bon domaine des Salamandres.

Le renouveau du rouge

Si les blancs étaient déjà reconnus pour leur qualité, les rouges se sont refait une beauté depuis une dizaine d’années, rencontrant immédiatement leur public.
Les vignerons se sont même fait surprendre par la demande et peinent à produire de quoi satisfaire : la production a augmenté de 75% entre 2015 et 2018 !
La sommelière québecoise Jessica Harnois explique à nos confrères de CBC Canada que les vins de sa province goûtent la canneberge, l’acidulé, ont une bonne tenue de bouche, de la fraîcheur et de l’opulence.
Les vins rouges commencent donc à trouver leur équilibre : entre certaines productions passées clairement sous-mûries et donc acides, et d’autres dont le boisage important masquait terroir et cépage, le plaisir n’était pas toujours au rendez-vous.
Une virée en terre viticole québecoise est toujours rafraîchissante, presque plus au sens figuré qu’au sens propre du terme.

@Domaine de l'Orpailleur
@Domaine de l'Orpailleur

L’enthousiasme, l’engagement et la curiosité des vignerons québecois ouvrent l’esprit comme l’appétit : entre les goûts méconnus en Europe et les cépages dont on ne connait ni le nom ni l’existence, c’est un nouveau continent que l’on découvre.
En attendant de pouvoir repasser les frontières (et si vous le pouvez, d’assister à l’excellent Festival des vins de Saguenay en juillet), si vous croisez la route d’une bouteille des vignobles Negondos (tout bio), du domaine des Pervenches (bio et biodynamie), du domaine du Nival, du vignoble du Ruisseau, du domaine de l’Orpailleur (médaillé pour deux de ses cuvées en blanc et célèbre pour ses vins de glace), ou du domaine Courville, n’hésitez pas !

Vous avez aimé notre article consacré au Québec ? Lisez aussi Quand le Québec produit du vin de tomate ou encore Interview de chef : Joris Larigaldie, le mariage de la France et du Québec pour les plus gourmands !

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