Terrasses du Larzac, génération montante

Terrasses du Larzac, génération montante

Consacré AOC depuis 2014, le jeune vignoble des Terrasses du Larzac possède un profil unique en Languedoc axé sur la fraîcheur, la finesse et la complexité. Portée par une dynamique collective et humaine unique en France, l’appellation à la notoriété grandissante ambitionne de devenir incontournable d’ici quelques années.
Toutlevin a passé deux jours enthousiasmants au cœur d’un territoire aux multiples facettes.

Synonyme de lutte et de résistance, le Larzac est dans l’inconscient collectif un plateau aride et désertique du sud de l’Aveyron où agriculteurs et brebis vivent en harmonie. Mais c’est aussi une terre fertile pour la vigne grâce à plusieurs facteurs : la diversité des sols, l’altitude et les coteaux, les microclimats, la pluviométrie et la passion des hommes et des femmes qui y travaillent chaque jour.
Les Terrasses du Larzac, c’est un mélange de générosité du Languedoc et de fraîcheur du Larzac, une appellation qui bénéficie d’une réelle attention médiatique grâce à des vins au profil séduisant. On est justement en train de travailler sur l’identité, la communication externe, dévoile Sébastien Fillon, le président de l’appellation. La notoriété est là mais on ne doit pas se reposer sur nos lauriers et mettre en avant ce dynamisme et cette ouverture.

35 opérateurs en 2004, une centaine en 2021 !

Aujourd’hui, les Terrasses comptent une centaine d’opérateurs (90 caves particulières, 3 coopératives et 2 négoces) qui revendique environ 21 000 hl (soit plus de 50% de volume en 5 ans) sur 671 hectares. Des exploitations à taille humaine puisque 90% d’entre elles sont comprises entre 8 et 20 hectares.

Jean-Charles Auffret du Clos Aguilem et sa cuvée Kiara en Terrasses du Larzac - Crédit photos : Yoann Palej
Jean-Charles Auffret du Clos Aguilem et sa cuvée Kiara en Terrasses du Larzac - Crédit photos : Yoann Palej

En haut de la pile de l’ambition, le lancement d’une démarche d’obtention de l’AOC en blanc est acté. On vient de réaliser un état des lieux exhaustif auprès de nos adhérents. L’envie est là et la vision commune est claire ; Le futur blanc de l’appellation sera un vin d’assemblage, complexe et tendu. Un vin de garde, élégant et sincère. La forte dynamique d’arrivée dans l’appellation s’explique en partie par le relatif désintérêt des locaux jusque dans les années 2000 (seulement 35 opérateurs en 2004 !) et l’accessibilité économique qui en a découlé. Ce qui a permis l’installation de vignerons extérieurs aux profils et horizons différents.

Une terre d’accueil : unité et diversité !

C’est un terroir qui se porte bien et qui bénéficie d’une belle image, et c’est une vraie terre d’accueil, confie Sébastien Fillon, ancien ingénieur lyonnais installé au domaine Le Clos du Serre grâce au financement participatif (découvrez le principe du financement participatif avec notre article A la découverte du vignoble participatif.
Rien que depuis 2014, on dispose d’une quarantaine de nouveaux vignerons. A Saint-André-de-Sangonis, Jean-Charles Auffret, ancien conseiller viticole en Champagne, en est un exemple : C’était ici et nulle part ailleurs, confesse le vigneron du Clos Aguilem. Je fais partie de ces pièces rapportées piquées par les Terrasses car ici, le terroir parle fort, très fort.
Plus loin, Olivier Faucon a quitté le monde du marketing et de la communication pour fonder le Mas Combarèla à Saint-Jean-de-Fos. Et c’est aussi un coup de foudre qui est à l’origine de son installation en 2016 : Quand j’étais en stage au Mas Cal Demoura, j’ai eu la chance de goûter leurs vins et j’ai été séduit par leur profil, leur style, une vraie révélation. Durant les échanges, la notion de collectif est souvent mise en avant.

Romain Benet - accompagné de Yoann Palej - s’est installé à Jonquières pour créer le domaine Nova Solis - Crédit : Vanessa Méline
Romain Benet - accompagné de Yoann Palej - s’est installé à Jonquières pour créer le domaine Nova Solis - Crédit : Vanessa Méline

Romain Benet, ancien paysagiste devenu vigneron au domaine Nova Solis, résume la philosophie : Terrasses du Larzac, c’est l’unité et la diversité. Côté humain, nous sommes un groupe soudé avec des parcours divers mais une trame commune : l’envie de bien faire et de faire bon ! Une exigence qualitative qui demeure un fil conducteur. Aujourd’hui, plus de 75% des domaines sont en bio.

Anne-Laure Sicard a créé le Mas Lasta, les vignes les plus hautes de l’appellation - Crédit : Yoann Palej
Anne-Laure Sicard a créé le Mas Lasta, les vignes les plus hautes de l’appellation - Crédit : Yoann Palej

Ici, on fait du sur-mesure, de la haute couture…

Au Mas Lasta, Anne-Laure Sicard, originaire de Tours, est une esthète de cet engagement qu’elle pousse même jusqu’à la biodynamie. Ici, j’ai de suite trouvé mon bonheur au cœur de vignes d’altitude. Le travail est assez rude mais on fait du sur-mesure, de la haute couture. Les Terrasses, c’est l’exemple parfait de ce que représente la culture artisanale. Cet engagement tire tout le monde vers le haut !.

Vins et Bovins du Larzac, Renaud Rossignol est un ovni en Terrasses - Crédit : Yoann Palej
Vins et Bovins du Larzac, Renaud Rossignol est un ovni en Terrasses - Crédit : Yoann Palej

On n’oubliera pas que les locaux œuvrent aussi au cheminement. Comme Renaud Rossignol qui a repris les terres familiales à la Vacquerie, au domaine de Ferrussac où il bichonne 6 ha dans les coteaux en même temps que son troupeau d’une quarantaine de vaches d’Aubrac. Pour moi, c’était une évidence de me lancer ici. Ce que j’apprécie, c’est la diversité des personnages, de sacrés caractères qui ont envie de bien faire ! Comme Vincent Visseq du Mas d’Agamas : Les nouveaux installés ont un regard différent, cela crée de l’émulation avec les plus anciens et cela booste l’ensemble. Ce sentiment d’appartenance rend fier !

On n’arrive pas en Terrasses par opportunisme…

Au sein du Château de Jonquières, l’un des domaines historiques du Languedoc (XIIème siècle), la 32ème génération vante l’ambition collective. On n’arrive pas en Terrasses par opportunisme mais pour s’inscrire dans une démarche positive et respectueuse, détaille Charlotte de Béarn qui est aussi vice-présidente du syndicat.

Le cahier des charges a beau être plutôt restrictif, il ne rebute pas les étrangers : Russie, Angleterre, Allemagne et même Argentine. Gonzalo Amigo a créé le domaine Terre de Feu en 2018 après un BTS viti-œno à Montpellier. Je suis tombé dans la marmite en goûtant les vins d’ici, explique-t-il. Quitte à faire du vin, autant qu’ils me plaisent !.
Certains comme Arnoud Fortuin ont choisi la coopération. Le Franco-Néerlandais, ancien ingénieur en physique, a été accompagné par Castelbarry à Montpeyroux via un GFV (groupement foncier viticole) afin de devenir le fermier du Mas des Songes : J’ai trouvé une nouvelle terre d’adoption ici.

Deux cuvées coup de cœur lors de la dégustation au Musée de Lodève Crédit : Yoann Palej
Deux cuvées coup de cœur lors de la dégustation au Musée de Lodève Crédit : Yoann Palej

Coups de cœur de dégustation

Le mercredi 15 décembre, le Syndicat avait convié plusieurs journalistes locaux à déguster 31 cuvées dans le cadre majestueux du Musée de Lodève, sous le regard du Grand Faune de Paul Dardé.

Sélection (note sur 20) :

• Domaine des Olivèdes 2016 (18)
• Habilis 2019 du Plan de L'Homme (17.5)
• La Villa Romaine 2018 du Mas des Quernes (17.5)
• Ode aux Ignorants 2019 du Mas Combarèla (17.5)
• Nègre Bœuf 2019 du Domaine de Ferrussac (17)
• La Petite Parcelle 2019 du Domaine Romain Portier (17)
• Kiara 2018 du Clos Aguilem (17)
• Baies Choisies 2019 du Mas d'Agamas (16.5)
• Fin Fond 2019 du domaine Terre de Feu (16.5)
• La Baronnie 2019 du Château de Jonquières (16)
• Mas Lasta 2019 (16)
• Le Chemin des Garennes 2018 du Château Capion (15.5)

Visuel de couverture : La Vallée de la Buèges, perle du Haut-Languedoc - Crédit : Marc Medevielle

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