Portrait de Véronique Smati, vigneronne au Château de Lionne

Portrait de Véronique Smati, vigneronne au Château de Lionne

Partons à la rencontre de Véronique Smati, chez elle, au Château de Lionne, dans le vignoble des Graves de Bordeaux. Portrait d’une vigneronne autodidacte, qui a plus d’une corde à son arc...

En plein cœur de l’appellation Graves, à quelques pas de la Garonne, il se niche 36 hectares de vignes bordées de majestueux châtaigniers. C’est ici, au https://www.chateaudelionne.net
Château de Lionne, que Véronique Smati a trouvé le boulot de ses rêves après avoir bourlingué à droite et à gauche.

Véronique n’est pas issue du sérail viticole bordelais, elle n’a pas eu la fibre vigneronne depuis son plus jeune âge, elle ne fait pas parti de ces néo-vigneronnes en quête de retour à la nature.

Cette périgourdine, née à Sainte-Foy-la-Grande, est rentrée rapidement dans la vie active, j’ai quitté le lycée en première, j’ai fait 50 métiers dans toute la France. De la maçonnerie à l’arboriculture, en passant par la vente de pâtes fraîches sur les marchés, l’élevage de canards, la brocante, sa curiosité et son petit côté aventurier l’ont portée pendant toutes ces années.

Vignoble du Château de Lionne
Vignoble du Château de Lionne

Il aura fallu une grande étincelle dans son cœur pour dissiper ses envies d’ailleurs. Véronique a découvert la filière en rencontrant son compagnon Pierre, un viticulteur et pépiniériste de la région. La propriété était en vente depuis un petit moment. Il m’a demandé, est-ce que ça t’intéresse de participer à cette aventure ?. Voilà comment, il y a déjà 15 ans, elle est devenue vigneronne au Château de Lionne, et je ne m’en lasse pas.

J’ai tout appris comme ça, j’ai pas suivi de formation. Véronique a su écouter ses aînés et bien s’entourer afin d’appréhender le métier. J’ai fait tous les travaux de la vigne et du chai.

Portrait d’une femme qui n’entre pas dans les cases, passionnée par la vie de vigneronne parce qu’elle coche toutes les cases...

La WINEista. Pourquoi l’AOP Graves fait-elle craquer ?

Véronique Smati. Parce qu’on a des vins de qualité et accessibles. On a de beaux terroirs à blancs, qui confèrent de la fraîcheur et de la complexité, des rouges agréables, fruités, aux tanins bien enrobés. C’est une appellation qui a de la notoriété et qui propose des vins à de bons rapports qualité prix.

La WINEista. Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

V.S. Oui j’aimerais, je suis hyper curieuse. Je suis fan des vins du Pic Saint Loup et de Gaillac. La diversité des cépages autorisés à Gaillac, dont de fabuleuses variétés autochtones, me plaît tout particulièrement. En plus, le vignoble est magnifique et les gens sont sympas.

La WINEista. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

V.S. Plein de choses ! J’aime travailler à la vigne, j’adore vinifier, commercialiser mes vins, j’aime tout ! Je ne m’ennuie jamais.

La WINEista. Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

V.S. Ces dernières années, on a été rudement impacté par la gelée et le mildiou. Ce sont des incidents que l’on ne maîtrise pas, liés au climat. Ils te ruinent le moral pendant 15 jours mais, après, on est bien obligé d’avancer.

Cave du Château de Lionne
Cave du Château de Lionne

La WINEista. Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

V.S. Les vendanges, c’est top ! Même si j’ai toujours la boule au ventre avant de les débuter. Quand tu fais tes premiers remontages et que tu goûtes tes jus, tu as la concrétisation du travail accompli.

La WINEista. Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

V.S. Quand je suis arrivée il y a 15 ans, il y avait peu de femmes dans la filière. Je ne connaissais pas du tout ce milieu, les relations machos de la viticulture. Quand je m’adressais à un fournisseur, il ne me répondait pas, il parlait à mon caviste Joël. Cela n’a pas non plus été facile dans les relations commerciales, il faut du temps pour être crédible, c’est un handicap d’être une femme dans ce métier (lire notre article Femmes de vignerons, les piliers de la réussite ? Aujourd’hui, il y a de plus en plus de filles, ça change la donne, bien qu’elles doivent encore avoir du caractère pour s’affirmer et être écoutées.

La WINEista. Quelle bouteille allez-vous déboucher après une journée de prospection commerciale ?

V.S. Mon Château de Lionne blanc 2021, un assemblage de Sauvignon blanc et de Sémillon, avec des notes de fruits exotiques, d’agrumes, de fleurs blanches, une bouche pleine, généreuse, à la finale fraîche.

La WINEista. Avec quel plat allez-vous l’accompagner ?

V.S. C’est un vin qui peut aussi bien se consommer à l’apéro que sur des plats. Il se marie très bien avec des bouchées à la reine, une blanquette de veau, un vieux Comté.

La WINEista. Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

V.S. Le Petit Verdot, j’adore ses belles feuilles rondes, ses grappes aux baies toutes noires. C’est un cépage de caractère, comme moi !

La WINEista. Que diriez-vous à une néo-vigneronne qui souhaite se lancer dans l’aventure ?

V.S. Vu de la ville, ça a l’air joli, la nature est belle, on a un cadre de travail magnifique, mais ce n’est pas que ça. C’est un vrai métier, qui nécessite multiples compétences, on ne cultive pas un jardin. Cela demande de l’abnégation, beaucoup de travail pour un résultat qui n’est pas toujours immédiat.

La WINEista. Quels sont vos projets pour votre domaine ?

V.S. Je lance une nouvelle gamme destinée aux bars à vins, petits bistrots, cavistes de quartier, un vin rouge et un blanc que l’on débouche facilement entre amis. J’aimerais aussi allier mes deux passions, la brocante et le vin, en réhabilitant le château en gîte dans lequel mes hôtes pourraient acheter les meubles et la déco que je chine.

La WINEista. Si je vous dis partir en vrille, cela vous évoque quoi ?

V.S. Dégoupiller sur un sujet qui me gonfle !

Merci Véronique pour votre accueil amical. Quel plaisir de rencontrer une femme avide de découvertes, toujours partante pour de nouveaux défis, qui met du cœur à l’ouvrage. Trois qualités essentielles au métier de vigneronne...

Crédit photos : Guillaume Bonneau.

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher