Portrait de Florence Duchêne, élue Vigneronne de l'année lors des Trophées Champenois

Portrait de Florence Duchêne, élue Vigneronne de l'année lors des Trophées Champenois

Quand les Trophées Champenois élisent une vigneronne dans la catégorie Vigneron de l’année, on ne peut que s’en délecter. Partons à la rencontre de Florence Duchêne, une jeune femme riche de sa diversité.

Née à Epernay (lisez notre article sur les Habits de Lumière, un évènement phare à Epernay), la capitale mondiale du champagne, issue d’une famille paternelle implantée dans le vignoble depuis 1874, Florence Duchêne aurait pu suivre une voie toute tracée. Ce sont certainement ses origines multiculturelles (sa maman est philippine) qui ont éveillé sa soif de découvertes.

Cette polyglotte de naissance s’est tout naturellement dirigée vers des études universitaires en langues étrangères, couplées au commerce international afin de leur donner du sens. Ses diplômes en poche, on lui a suggéré de suivre le Master en management du vin proposé par l’OIV (Organisation Internationale de la vigne et du vin), permettant d’appréhender la filière le temps d’une année au tour du monde.

C’est au cours de cette formation, principalement dispensée à l’étranger, que j’ai vraiment découvert le vin. J’ai vu que l’on pouvait innover, ne pas rester sur ses acquis, être pionnière dans son domaine.

Florence a ainsi décidé de se lancer dans l’aventure en 2011 en revenant à Cumières (Marne) sur le domaine familial, puis en créant sa propre marque Champagne Florence Duchêne dès 2012, des jolies bulles atypiques et franches qui lui ressemblent.

Partons à la rencontre d’une jeune quarantenaire qui a besoin de relever des défis pour avancer...

La WINEista : Pourquoi la Vallée de la Marne vous fait-elle craquer ?

Florence Duchêne : Parce qu’il y a une belle diversité de terroirs. Nous avons une vraie identité à Cumières. Nos Pinots expriment de belles notes de sous-bois, de truffe, un caractère vineux caractéristique. On ressent la Vallée de la Marne !

LW : Pourriez-vous envisager de faire du vin tranquille ?

F.D : J’en fais déjà ! Un vin rouge 100% Pinot Noir, élevé en fûts de chêne, en appellation Coteaux Champenois. Notre terroir se révèle aussi très bien en vin tranquille.

LW : Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

F.D : Sa richesse ! Moi qui ai tendance à m’ennuyer rapidement, toutes les journées sont différentes dans mon métier. J’aime aussi le contact avec les gens.

LW : Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

F.D : Les intempéries. On a été très touchés par le gel en 2021. Même les milieux de coteaux, qui sont toujours épargnés, ont été dévastés. Sans compter une pluviométrie importante pendant 6 mois. C’était une année désastreuse, on a décidé de ne pas la mettre en bouteille.

LW : Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

F.D : J’hésite entre les vendanges et le tirage. J’aime les vendanges parce qu’il y a de la vie, une vraie émulation, on récolte le travail de toute une année. J’aime aussi la mise en bouteilles, c’est un aboutissement.

LW : Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

F.D : Oui, j’ai été peu soutenue. C’est beaucoup plus difficile d’avoir de la crédibilité quand on est une femme. J’ai eu aussi droit à des remarques sexistes... Les mentalités changent désormais.

LW : Vous avez été élue Vigneronne de l'année lors des Trophées Champenois, qu’est-ce qui a fait la différence ?

F.D : Je suis très fière d’avoir eu ce trophée. C’est avant tout la reconnaissance de la qualité de mes vins. Peut-être aussi de mon implication en tant que vigneronne, de mon origine pluriethnique qui transparait dans mes cuvées. C’est pour moi un aboutissement, la reconnaissance de mon travail par le milieu professionnel. D’ailleurs, je les remercie.

LW : Comment faites-vous bouger les lignes du vignoble champenois ?

F.D : Je me suis investie plusieurs années dans le syndicat d’appellation. En Champagne, nous sommes plutôt épargnés par rapport au reste de la filière vin, mais il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Je n’aime pas faire comme tout le monde, j’aime marquer ma différence.

LW : Quelle bouteille allez-vous déboucher après une journée sur un salon ?

F.D : Ma cuvée Maputi 2017, un blanc de blancs issu d’une seule parcelle (voir notre article Champagne, êtes-vous plutôt Blanc de blancs ou Blanc de noirs ?). C’est un millésime plus mûr, un peu plus opulent, qui s’est dévoilé tout en finesse avec le temps.

LW : Avec quel plat allez-vous l’accompagner ?

F.D : Avec une spécialité philippine, un lumpia. Un rouleau au porc et aux crevettes à l’huile de truffe, qui se marie parfaitement avec les notes de sous-bois de ce champagne.

LW : Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

F.D : Le Pinot Noir, pour son élégance, sa garde dans le temps, ses arômes de truffe sur nos terroirs. Je retrouve ma passion des champignons dans ce cépage.

LW : Quels sont vos projets pour votre domaine ?

F.D : Monter en gamme en développant l’élevage de mes champagnes en fûts de chêne. J’ai aussi envie de développer l’œnotourisme sur le domaine, d’optimiser mon outil de production. J’ai toujours de nombreux projets en tête.

LW : Si je vous dis partir en vrille, cela vous évoque quoi ?

F.D : Moi ! Partir en vrille, ça me ressemble bien !

Merci Florence, élue Vigneronne de l’année, pour la franchise de cet échange fort agréable.

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