Les vendanges en vert

Les vendanges en vert

La taille est, avec la vendange, l’opération viticole la plus connue. On fait souvent référence à la taille d’hiver, qui est une taille sèche qui se pratique pendant le repos végétatif. Mais il existe un autre type d’opération : les tailles en vert, ou opérations en vert qui sont des tailles de printemps et d’été. Parmi elles, on retrouve l’ébourgeonnage, l’épamprage, l’écimage, l’effeuillage… Mais aussi la pratique qui nous intéresse : l’éclaircissage, plus connu sous le nom de “vendange en vert”.

En quoi consiste la vendange en vert ?

Le fait de vendanger correspond à l’acte de détacher les grappes des pieds de vignes (lire notre article Vendanges manuelles ou mécaniques ?). Lors des vendanges classiques, vers septembre/octobre, le raisin qui est récupéré sert à faire du vin. Lors des vendanges en vert, qui ont plutôt lieu au milieu de l’été (début juillet en fonction des millésimes), le raisin qui est coupé est en général laissé sur la parcelle. Il va pourrir, se décomposer et ainsi nourrir le sol. Cette action n’est pas anodine car l’énergie que la plante a mise dans la production de ces grappes est perdue et une plaie est créée au niveau de la coupe de la rafle. Le vigneron y a donc recours dans des cas bien précis.

Pourquoi réaliser des vendanges en vert ?

Utilisée de manière exceptionnelle avant l’apparition des appellations d’origine contrôlée, cette technique est aujourd’hui assez répandue car elle permet de maîtriser le rendement de la vigne dans une optique d’améliorer la qualité du vin produit. Elle s’avère nécessaire lorsque la vigueur de la vigne est trop importante, c'est-à-dire que sa productivité dépasse l’objectif du vigneron. Cet objectif peut être dicté par le cahier des charges de l’appellation (AOC, IGP ou VDF), par ses souhaits qualitatifs, par la capacité des ceps (fonction du cépage, de l’âge) ou par d’autres facteurs externes (taille du chai de vinification par exemple). L’opération n’est pas reproduite de manière systématique sur une parcelle, elle dépend des caractéristiques du millésime.

Une réallocation des ressources de la plante

La production de raisins demande beaucoup d’énergie à la plante. Cette énergie est le résultat de la photosynthèse, une réaction chimique qui a lieu dans les feuilles de la vigne. Si la vigne dispose de beaucoup de feuilles, ce qu’on appelle surface foliaire, elle va produire beaucoup d’énergie. Cela va néanmoins l’épuiser, il vaut donc mieux avoir la juste proportion de feuilles. L’idée de la vendange en vert est de couper certaines grappes, mais en gardant la même surface foliaire. D’un coup, les sucres issus de la photosynthèse seront toujours aussi nombreux, mais pour moins de grappes. La conséquence sera donc une concentration des baies restantes : plus sucrées, plus aromatiques. Les vendanges en vert sont particulièrement utiles avec certains cépages productifs, d’autant plus lorsque les pieds sont jeunes et vigoureux. Avec l’âge, ils tendent à être de moins en moins productifs, ce qui rend cette pratique facultative.

Vendanges en vert sur une jeune vigne de Châteauneuf-du-Pape (mi juin)
Vendanges en vert sur une jeune vigne de Châteauneuf-du-Pape (mi juin)

Les éléments de succès d’une vendange en vert

La date à laquelle la vendange en vert a lieu est très importante : si elle est réalisée trop tôt, les sucres disponibles en quantité seront utilisés par la plante pour faire grossir les autres grappes. L’effet serait donc inverse de celui escompté. Le moment idéal pour réaliser cette opération est au tout début de la véraison, lorsque les baies commencent à se colorer. Également, les vendanges en vert n’ont d’effet que si un minimum de 30% des grappes est éliminé. En dessous, la plante ré-équilibre d'elle-même son activité photosynthétique pour alimenter le nouveau nombre de grappes.
D’un point de vue technique, le vigneron peut réaliser différents types de vendange en vert. L’élimination manuelle des grappes est la méthode la plus répandue. Il est néanmoins aussi possible de n’éliminer que des baies ou des portions de grappes, voire même d’utiliser la chimie pour y parvenir.

Grappe de Mourvèdre en pleine véraison
Grappe de Mourvèdre en pleine véraison

Les vendanges en vert sur des vignes jeunes

Dans le cas des jeunes vignes, qui ne produisent pas encore de raisins destinés à faire du vin, les vendanges en vert vont permettre de délester la plante d’une partie de ses grappes. Ainsi, l’énergie qu’elle déployait à entretenir ces raisins de qualité insuffisante va être ré allouée au développement des appareils aériens et racinaires. C’est une stratégie intéressante sur le long terme car elle favorise une implantation pérenne du vignoble. Elle est pratiquée plus tôt que dans le cas des vignes en production, peu de temps après la floraison.

Une pratique corrective à éviter

L’idéal pour un vigneron reste d’anticiper la capacité de production de la plante en fonction de son objectif de productivité. Les vendanges en vert présentent un risque pour la qualité du vin si elles sont mal maîtrisées, et un risque pour l’avenir car le cep de vigne risque de compenser la perte subie l’année suivante. Surtout, cette opération est censée être une action corrective, non systématique.
La recherche d’une récolte de meilleure qualité doit se faire bien plus en amont, dès l’installation (préparation du terrain, amendements, choix du porte greffe, du cépage…) et ensuite tout le long de la conduite de la vigne (fertilisation, irrigation, enherbement…).

Crédit photos : Dalkia

Pour en savoir plus, lisez aussi Les travaux en vert sur Toutlevin !

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