IGP Isère : la viticulture de montagne reprend de la hauteur

IGP Isère : la viticulture de montagne reprend de la hauteur

Il n’y a pas que des herbes et de la liqueur monastique, en Chartreuse. Il y a aussi des vignes et du vin.
L’IGP Isère a vu le jour administrativement en 2011 et recouvre deux principales sous-dénominations :

- Les Balmes Dauphinoises (entre Bourgoin-Jallieu et Morestel, eux-mêmes situés sur l’axe routier Lyon-Grenoble)
- Les Coteaux du Grésivaudan, sur les contreforts orientaux du massif de la Chartreuse.

Mais la tradition viticole dans le nord du département n’a pas attendu le nouveau millénaire pour s’épanouir, et on trouve sur ces terres des vins mousseux et tranquilles des trois couleurs.
Après une période de crise et d’oubli, elle renaît de ses cendres pour mieux se réinventer, lui promettant peut-être la meilleure période qu’elle ait connu.

Un parcours classique, émaillé de crises

Sans surprise, l’histoire viticole de la région remonte à l’époque romaine. Elle n'a cessé d’exister pour atteindre son apogée au 19ème siècle, devenant l’un des plus gros producteur de vin à l’échelle nationale.
S’ensuivirent la crise du phylloxera, l’industrialisation du département qui grignota les zones viticoles, la concurrence des vins du sud aux profils aromatiques différents, entraînant une chute de la consommation, et de la production.
La relève se concrétise au début du millénaire grâce au travail de reconstruction administrative et bien évidement viticole entrepris par de jeunes vignerons situés sur les différentes dénominations autour de Grenoble, comme Stéphanie Loup du domaine du Loup des Vignes, Nicolas Gonin (Balmes Dauphinoises) et Thomas Finot (Coteaux du Grésivaudan).
Le syndicat des viticulteurs de l’Isère est aujourd’hui présidé par Wilfrid Debroize, co-gérant du domaine des Rutissons avec Laurent Fondimarre. Dynamiques, ils ont entrepris de nombreuses démarches, notamment de faire inscrire le Trièves (au sud de Grenoble et à l’ouest du Vercors) ainsi qu’une demande d’ouverture du cahier des charges pour quatorze cépages.
Et s’il y a bien une chose qui fait tout l’intérêt de l’IGP Isère, c’est la culture des cépages oubliés.

Des cépages très locaux

Aux côtés des cépages que l’on retrouve dans les régions relativement proches (Savoie, Beaujolais…) tels que la mondeuse, le persan, le gamay, la jacquère, figurent des cépages locaux souvent qualifiés d’oubliés aux noms exotiques.
L’Etraire de la d’Huy, cépage rouge, tire son nom de l’étroitesse de la baie de forme ovoïde et du torrent de la d’Huy, coulant le long des flancs de la chartreuse. Thomas Finot le cultive et le vinifie, l’appréciant pour sa finesse et sa fraîcheur. S’il fallait le resituer avec des cépages plus connus, je dirais qu’il se situe entre le pinot noir et le gamay. Il a fallu tâtonner pour trouver la bonne vinification et c’est un peu la difficulté avec les cépages oubliés, même si c’est aussi ce qui fait leur charme : redécouvrir et créer devient possible avec eux.
Comme la Séréneze par exemple, sur laquelle je fais ma première vinif et que je vois comme un poulsard du Grésivaudan.
Je veux aussi tenter l’aventure avec le Joubertin et le Péloursin, qui sont des cépages rouges plus proches du persan, que j’apprécie justement pour leur côté plus tannique, un peu comme la Syrah, ça doit être mon côté sudiste !
(Thomas Finot est originaire de Crozes-Hermitage, où il cultive également des vignes - Retrouvez notre article Crozes-Hermitage, l’appellation montante de la Vallée du Rhône).

Au domaine Nicolas Gonin, on trouve 20% d’encépagement en Mècle (rouge), aux arômes de fruits noirs et apte au vieillissement, aux côtés de la Verdesse, de l’Altesse et de la Jacquère pour les blancs (qui font la réputation des vins des Balmes Dauphinoises), ou même le Velteliner au Domaine du Loup des Vignes, répandus dans d’autres régions alpines comme en Autriche par exemple.

Un renouveau prometteur

Au-delà du dynamisme des jeunes vignerons du Nord-Isère, deux autres facteurs ont grandement contribué à la renaissance de l’IGP.
Les méthodes de vinification, plus modernes et mieux maîtrisées, ont permis de tordre le cou à certains qualificatifs qui avaient pu affecter la production locale, comme une acidité trop importante.
De plus, le réchauffement climatique apporte de fait un coup de pouce à ces cépages tardifs, leur conférant une maturation plus importante et donc une acidité plus maîtrisable.
Mais sans pour autant sacrifier la fraîcheur, qui, selon les amateurs des vins de cette région comme les producteurs, en fait la qualité première.

Thomas Finot a d’abord travaillé dans le Valais, en Suisse, réputé pour ses grands vins. S’il a été conquis par le potentiel des vins isérois, c’est donc sans conteste parce qu’ils en ont un. Et si vous avez l’occasion de passer par Grenoble, arrêtez-vous au Zinc, un bar à vin avec une super sélection, pour déguster tous les domaines régionaux qui comptent !

Crédit photos : Andrei Durlesteanu

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