Le phylloxera, qu'est-ce que c'est ?

Le phylloxera, qu'est-ce que c'est ?

Difficile d'imaginer à l'heure actuelle qu'un simple puceron de moins de 0,5 mm puisse provoquer des ravages dramatiques sur le vignoble français. Pourtant, le phylloxera, insecte piqueur originaire de l'Est des États-Unis, a détruit des millions d'hectares de vignes au 19ème siècle. Il fût l'équivalent pour la vigne de la peste pour l'homme.

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Une catastrophe agricole sans précédent

Tout commence dans le sud de la France en 1865, alors que des pieds de vignes s'assèchent inexplicablement. On comprendra plus tard que le terrible insecte avait probablement débarqué d'Amérique par le port de Sète. Il se propage alors à une vitesse folle et entraîne des conséquences économiques désastreuses. En effet, des régions entières se retrouvent ruinées et la vigne est quasiment disparue. Ce cataclysme agricole aurait plus coûté à la France que la guerre de 1870.

Impact sur la plante

Extrêmement contagieux, le phylloxera se répand sous ou sur le sol. Entrainé par le vent, il peut créer de nouveaux foyers à des kilomètres de son point de départ. Il lui faudra seulement une vingtaine d'années pour envahir la France entière.
Sur les feuilles, sa piqûre est responsable de la formation de galles contenant l'insecte et ses œufs. Lorsqu'elles en sortent, les larves peuvent en former de nouvelles. Une prolifération qui a des répercussions négatives sur le potentiel photosynthétique et entraine une diminution de l'accumulation des sucres dans les baies. Son nom complet, phylloxera vastatrix, signifie d'ailleurs sèche-feuille dévastateur.

Mais c'est sur les racines qu'il est le plus destructeur. C'est cela qui fût la cause principale de l'effondrement du vignoble européen au 19ème siècle. Les vignes locales ont une grande sensibilité racinaire et le puceron peut stopper la croissance à l'endroit de la piqûre tandis que les tissus avoisinants continuent à se développer. Cela provoque des tubérosités. Il se reproduit alors sous la racine et offre une porte d'entrée aux organismes responsables de la pourriture, ce qui est généralement synonyme de mort du cep en trois ans.
Cependant, les variétés américaines, elles, ont une réaction différente. Soit elles ne sont tout simplement pas attaquées, soit elles ont la capacité d'abriter le phylloxera sans que cela ne signe leur perte.

Comment lutter ?

Les plus grands experts se sont penchés sur ce sujet durant des années afin d'empêcher sa propagation. On remarqua notamment que les sols sablonneux n'étaient pas propices à son développement. Mais s'il en existe sur le littoral méditerranéen, ce type de sol n'est pas représentatif de l'ensemble de la France. Des solutions chimiques ont également été mises en place. On injectait des substances, le sulfure de carbone par exemple, au niveau des racines. Extrêmement long, particulièrement cher, nocif pour le viticulteur et peu efficace, ce traitement n'est plus utilisé aujourd'hui et n'a servi qu'à assurer la survie de certains plants en attendant de nouvelles réponses.

Si le phylloxera est originaire d'Amérique, le salut du vignoble européen l'est aussi. Ce sont les cépages américains résistants qui constitueront le seul remède à long terme contre le puceron et permettront d'arrêter cette crise majeure. Cela a commencé avec l'utilisation de cépages américains mais le goût n'était pas au rendez-vous. On décide alors de greffer nos vitis vinifera européens sur des pieds américains résistants. Victoire ! Cette lutte génétique porte ses fruits et le vignoble français se reconstitue petit à petit. Depuis, la technique des porte-greffes s'est généralisée et a connu de nombreuses évolutions : adaptés aux conditions climatiques des différents pays producteurs, ils permettent également de meilleurs rendements et la résistance à d'autres parasites.

Le phylloxera est désormais présent dans la quasi-totalité des vignobles mondiaux mais ne représente plus le même danger. Malgré tout, la récente crise phylloxérique californienne (1990) nous a rappelé qu'il fallait rester vigilants.

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