Portrait de Tessa Laroche, vigneronne au Domaine aux Moines

Portrait de Tessa Laroche, vigneronne au Domaine aux Moines

Photo de couverture : Tessa Laroche, vigneronne au Domaine aux Moines - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

Partons à la rencontre de Tessa Laroche, vigneronne au Domaine aux Moines dans l’appellation Savennières Roche aux Moines.

Les amatrices et amateurs de vins blancs ont les papilles gustatives qui salivent à l’évocation de cette pépite du Val de Loire. Savennières, au sud d’Angers, sur la rive droite de la Loire, est le royaume d’un cépage qui a du chien, le Chenin, magnifié par de très beaux terroirs de schistes.

Tessa Laroche est une femme du cru. Elle est née ici, au charmant petit village de Savennières, il y a maintenant 50 printemps. Ses parents ont acheté le très beau Domaine aux Moines en 1981, situé au sommet du prestigieux coteau de la Roche aux Moines.

Pour Tessa, cela a toujours été une évidence de travailler dans l’univers de la vigne et du vin. Après l’obtention de son diplôme d’œnologue, elle s’est expatriée pendant une dizaine d’années hors de son vignoble de cœur, pour se faire la main en Provence.
Il n’aura suffi que d’un coup de fil de sa maman, Monique Laroche, alors à la tête du domaine, pour qu’elle revienne prendre le flambeau en 2001.

Interview d’une vigneronne au caractère bien trempé, qui a les pieds bien ancrés dans son beau terroir de la Roche aux Moines.

La WINEista. Pourquoi l’AOC Savennières fait-elle craquer ?

Tessa Laroche. Savennières c’est un tout petit village pittoresque, de caractère, comme ses vins. Le vignoble bénéficie d’une exposition favorable à une bonne maturité. Le paysage est somptueux, vallonné, bourré de charme.

L.W. Qu’est-ce que La Roche aux Moines a de plus que les autres appellations ?

T.L. Son terroir et son historique. Ce sont les moines qui ont planté la vigne au Moyen Age. Ils ont su repérer les plus belles parcelles, exposées sud, face à la Loire, sur de la roche.

L.W. Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

T.L. Il ne faut jamais dire jamais, mais je suis très bien ici. Je reste à La Roche aux Moines !

Le coteau de La Roche aux Moines - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)
Le coteau de La Roche aux Moines - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

L.W. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

T.L. C’est le partage, transmettre ma passion. C’est aussi d’être dans les vignes, de connaître chaque pied, de travailler dans un environnement magnifique.

L.W. Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

T.L. J’aime bien chaque étape. Elles sont toutes différentes, toutes intéressantes. Après la période intense des vendanges et des vinifications, je prends plaisir à déguster les vins des précédents millésimes, à retrouver le contact avec mes clients cavistes, sommeliers, à échanger avec des chefs sur les accords mets et vins.

L.W. Quel est le moment que vous redoutez le plus ?

T.L. Pour moi, le moment charnière est de savoir quand on va débuter les vendanges. Il ne faut pas se louper parce qu’on ramasse exclusivement à la main, il y a 30 personnes à prévenir. Entre fin août et début septembre, c’est la période la plus compliquée.

L.W. Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

T.L. Pas plus qu’autre chose... Il y a beaucoup de vigneronnes à Savennières, avant moi c’était ma mère. Quand on a du caractère et que l’on fait le métier qu’on aime, voilà, ça va.

L.W. Quelle bouteille ouvrez-vous après une journée de travail en cave ?

T.L. La cuvée Domaine aux Moines 2018, elle toute en rondeur, avec un joli fruit, de la fraîcheur en fin de bouche.

L.W. Et avec quel plat ?

T.L. Des noix de Saint-Jacques juste poêlées au beurre salé, avec une pointe de fleur de sel et du poivre de Sichuan.

L.W. Selon vous, pourquoi le Chenin est un cépage qui a du chien ?

T.L. Parce qu’il a du caractère ! Qu’avec le Chenin on peut faire des vins secs, doux, liquoreux et même des fines bulles. J’aime sa vivacité, ses arômes d’agrumes, de fruits blancs. J’aime comment les vins évoluent avec le temps, avec des notes confîtes, de l’amplitude en bouche.

L.W. Quels sont vos projets pour votre domaine ?

T.L. Je suis en train de refaire le chai, c’est un gros projet. Je n’ai pas envie d’augmenter la superficie du domaine parce qu’après ça ne serait plus le même métier, il me faudrait voyager beaucoup pour commercialiser mes vins et je ne serai plus assez dans mes vignes.

L.W. Si je vous dis "partir en vrille" cela vous évoque quoi ?

T.L. C’est qu’on a pété un câble, que tout va à volo ! C’est quelque chose que l’on ne peut pas se permettre dans mon métier.

Merci Tessa d’avoir consacré du temps à nous faire partager votre beau métier, qui exige des journées bien remplies. Nous vous souhaitons de très nombreux printemps à bichonner vos précieux ceps de Chenin Blanc !

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- Abbaye de Lérins : des vins monastiques et insulaires
- Les moines, ces grands producteurs de vin

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