Portrait de Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie

Portrait de Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie

Partons à la rencontre d’une vigneronne des Côtes du Rhône qui met tout son cœur afin de défendre son métier et les terres de ses ancêtres. Interview de Pauline Pradier au Domaine de Vallaurie, une jeune femme saisissante...

Les utilisateurs d’Instagram intéressés par la vigne et le vin suivent à coup sûr le compte du Domaine de Vallaurie. Avec ses 16 300 followers, Pauline Pradier peut être considérée comme l’une des influenceuses les plus connues de la filière. Cependant, ne vous méprenez pas à son sujet, cette Miss France Agricole 2023 est aux antipodes des stars artificielles des réseaux sociaux qui sont en dehors de la vraie vie.

Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo : Pauline Pradier
Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo : Pauline Pradier

Née à Bagnols-sur-Céze (30), Pauline est une fille du cru, les Côtes du Rhône méridionales, qui a les deux pieds bien ancrés dans ses vignes. Je communique afin d’expliquer le métier de vigneronne de façon accessible. Pour que les consommateurs comprennent que, derrière une bouteille, il y a beaucoup de travail !.

Cela fait maintenant 12 ans que cette trentenaire téméraire porte à bras le corps l’exploitation familiale. Elle est la 5ème génération. Mes grands-parents faisaient de la polyculture. Mes parents se sont orientés exclusivement sur la vigne, d’abord en cave coopérative, puis en cave particulière dès 1998.

Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo : Pauline Pradier
Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo : Pauline Pradier

Après un BTS Viticulture Œnologie et une école internationale de commerce en Australie et Nouvelle-Zélande, Pauline s’est lancée dans l’aventure en connaissance de cause. Je voyais peu mes parents quand j’étais petite, ils travaillaient tout le temps. Je me rappelle faire la sieste sur le siège du tracteur pour être près d’eux.

Du travail du sol à la préparation des mises en bouteilles, en passant par la taille de la vigne, les vendanges, la vinification, l’administratif, le commercial, Pauline est un véritable couteau suisse. Elle gère entièrement le Domaine de Vallaurie, d’une superficie de 50 ha, depuis 3 ans. C’est un métier contraignant, je ne compte pas mes heures, mais je l’aime !.

Partons à la rencontre d’une jeune femme au regard profond et au sourire bienveillant, qui fait fi des a priori...

La WINEista : Pourquoi vos Côtes du Rhône vous font-elles craquer ?

Pauline Pradier : Parce que ce sont les vignes de ma famille, chaque parcelle a une histoire. On a de beaux terroirs ensoleillés, des cépages qui donnent de la couleur et du caractère à nos vins.

LW : Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

P.P : Non, pas du tout ! Même s’il y a de très beaux vignobles ailleurs, je ne me sentirais pas chez moi. Mes racines me manqueraient trop !

LW : Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

P.P : Passer du temps en famille, partager l’amour du métier avec mes parents. Peut-être parce qu’ils m’ont manqué quand j’étais plus jeune...

LW : Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

P.P : La crise viticole que l’on est en train de vivre, c’est très difficile, ça m’empêche de dormir. On ne demande pas d’être riche, juste de pouvoir vivre de notre travail, de valoriser nos vins. Vigneronne c’est bien plus qu’un métier, c’est toute ma vie. Je ne lâcherai rien ! J’aime trop ce que je fais !

Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo Pauline Pradier
Pauline Pradier, vigneronne au Domaine de Vallaurie - Crédit photo Pauline Pradier

LW : Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

P.P : J’ai redouté les vendanges pendant des années. Maintenant, je m’éclate vraiment, c’est le meilleur moment, parce qu’on récolte le fruit de notre travail. J’adore faire des remontages, voir les jus se colorer, c’est comme le sang qui coule dans mes veines.

LW : Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

P.P : Oui ! Le regard des gens, ils m’attendaient au tournant. J’ai dû travailler 2 fois plus pour me faire respecter. Je me rappelle la première fois que j’ai dû reculer avec la benne attelée au tracteur pour vider dans le conquêt de réception de la vendange, je m’étais entraînée plusieurs heures d’affilées, tous les regards étaient braqués sur moi, et j’ai réussi !

LW : Quelle bouteille allez-vous déboucher après une journée de taille ?

P.P : Ma cuvée Améline rouge, issue de vieilles vignes âgées de plus de 60 ans de Syrah, Grenache Noir et Mourvèdre. C’est un vin avec un beau nez épicé, des tanins enrobés, une jolie sucrosité en fin de bouche.

LW : Avec quel plat allez-vous l’accompagner ?

P.P : Avec une belle côte de bœuf !

LW : Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

P.P : La Syrah. C’est un cépage qui me ressemble, elle est franche, vraie, avec du caractère.

LW : Que diriez-vous à une jeune vigneronne qui souhaite se lancer dans l’aventure ?

P.P : Crois en tes rêves, fonce, n’écoute personne ! On peut être une femme coquette et réaliser le métier qui nous passionne !

LW : Quels sont vos projets pour votre domaine ?

P.P : Ce n’est pas évident de se lancer dans des projets quand on est en situation de crise. J’aimerais mieux valoriser mes raisins en développant la vente en bouteilles et l’évènementiel en organisant des repas autour des accords mets et vins.

LW : Si je vous dis partir en vrille, cela vous évoque quoi ?

P.P : Partir en cacahouète ! Prendre mon sac à dos et repartir à zéro en Australie.

Il y a des rencontres qui marquent plus ou moins les esprits. Pauline fait partie de celles qui resteront gravées dans ma mémoire, parce qu’elle m’a fait vivre un beau moment d’émotion et de sincérité.

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