L'intelligence artificielle va-t-elle révolutionner la filière vin ?

Avec la crainte que les puissants algorithmes des robots remplacent les auteurs, journalistes, professeurs, chauffeurs de taxi, l’Intelligence Artificielle fait couler beaucoup d’encre. Qu’en est-il de son implication à la vigne et au chai ? L’IA va-t-elle changer la vie des vigneronnes et vignerons ? Va-t-elle révolutionner la filière vin ?

L’Intelligence Artificielle au service de la vigne

Si on regarde de plus près les trophées de l’innovation décernés ces dernières années, on se rend vite compte que l’IA est déjà bien introduite en viticulture.

Elle est principalement utilisée pour développer des outils permettant de récolter des données agronomiques (humidité, température du sol, couleur des feuilles...) en vue de raisonner les interventions au vignoble.
Des outils d’aide à la décision pour traiter la vigne, lutter plus efficacement contre les maladies et les ravageurs ou pour irriguer les parcelles avec précision et réduire la consommation d’eau. L'Intelligence Artificielle permet aussi de piloter des tracteurs autonomes capables d’entretenir le sol, de le fertiliser, ou d’effectuer les traitements phytosanitaires.

Le programme VINUM a été récompensé aux SITEVI Innovation Awards 2023 pour sa solution Ampelos, une aide à l’apprentissage de la taille de la vigne. Une pratique manuelle chronophage et très technique, essentielle à la pérennité de la plante, à sa productivité et à la qualité des raisins. Munis d’un casque de réalité virtuelle, les élèves se retrouvent au cœur d’une parcelle, ciseaux à la main, en train de tailler un cep et de voir les conséquences de leurs actes sur les flux de sève.

La start-up suisse 3D2cut va encore plus loin en proposant des lunettes pour les ouvriers viticoles afin de les guider dans le choix des rameaux les plus qualitatifs.

L’Intelligence Artificielle au service du vin

L’étape clé en vinification est le bon déroulé des fermentations alcooliques et le suivi de la phase de macération pour les rouges. L’IA permet de les piloter automatiquement en ajustant les températures, et même en réalisant certains procédés d’extraction, comme les remontages, selon le profil de vin recherché et la typicité des terroirs et des millésimes.

Le choix d’un vin par un consommateur, et même par un restaurateur souhaitant établir sa carte, demeure encore parfois cornélien. L’IA synthétise un nombre illimité de données, appellations, millésimes, cépages, itinéraires de vinification, commentaires de dégustation..., permettant ainsi de caractériser les vins.

Plusieurs start-up proposent des sommeliers virtuels, des assistants à la dégustation, apportant des conseils très avisés, autant pour les professionnels que les particuliers. Matcha Wine, qui serait la plus pointue en la matière, est déjà utilisée par les enseignes de la grande distribution française.

Des chercheurs suisses ont mis au point un algorithme capable d’identifier l’origine d’un vin en analysant sa composition chimique par chromatographie. 80 cuvées de Bordeaux ont ainsi pu être reconnues grâce à leur signature chimique.

L’IA pourraient donc lutter contre les fraudes, encore trop présentes notamment à l’étranger, en détectant les faux vins ou les faux cépages.

L’IA va-t-elle révolutionner la filière vin ?

En viticulture et œnologie, les outils faisant appel à l’Intelligence Artificielle apportent une aide précieuse en terme de prise de décision et de pilotage des interventions. Ils peuvent être considérés comme complémentaires du travail des vigneronnes et vignerons.
Ils sont cependant très onéreux et encore en phase de développement. Leur utilisation demeure anecdotique, principalement à titre expérimental.

L’IA est aujourd’hui plus répandue, et peut-être plus inquiétante, en ce qui concerne l’analyse sensorielle et l’identité d’un vin. Elle est capable de rédiger des commentaires de dégustation détaillés, de conseiller des cuvées, d’écrire des articles sur un château ou une appellation donnée.

Même si les données sources sont générées par des professionnels de la filière, les sommeliers et journalistes spécialisés ont-ils du souci à se faire ?

L’art de faire du vin, de le déguster, d’en parler, fait appel au savoir-faire, à l’histoire personnelle, à la sensibilité de chacun, à l’émotion. Rassurez-vous, ChatGPT n’est pas prêt d’élaborer tout seul comme un grand votre cuvée préférée ou de remplacer votre palais !