Viticulture : pourquoi les maladies du bois sont-elles redoutables ?

Viticulture : pourquoi les maladies du bois sont-elles redoutables ?

Insectes, virus, bactéries, champignons, la vigne est la proie d’une myriade d’agents phytopathogènes qui lui mènent la vie dure. Qu’en est-il des maladies du bois ? Pourquoi sont-elles redoutables ? Quelles seront les solutions de demain ?

Qu’entend-on par maladies du bois ?

Elles s’appellent Esca, Black Dead Arm (ou botryosphaeriose), Eutypiose, des maladies redoutables, dues à un cortège de champignons parasites, qui entrainent des nécroses au niveau des vaisseaux conducteurs de sève situés dans le bois.
On les nomme aussi maladies de dépérissement, parce que, quand la sève ne peut plus circuler, la souche s’affaiblit peu à peu, puis se dessèche et meurt.

L’Esca est de loin la plus préjudiciable. C’est la plus ancienne des maladies décrites sur la vigne, elle était déjà connue des grecs et des romains, et elle touche tous les pays où la viticulture est implantée.

Pourquoi sont-elles inquiétantes ?

Parce qu’elles sont insidieuses ; elles provoquent des effets très lents, la circulation de la sève est progressivement bouchée, et quand les symptômes apparaissent, il est souvent trop tard pour sauver la vigne.

Parce qu’elles entraînent des dégâts qui vont crescendo ; rabougrissement des rameaux, coloration et dessèchement des feuilles, perte de rendement, mort d’une partie des rameaux, de rameaux entiers, puis de la plante entière.

Parce qu’il n’y a pas de solution miracle pour les éradiquer ; aucune méthode curative n’existe à ce jour pour en venir à bout, on ne peut que limiter leur expansion au travers de quelques solutions ;

En essayant de restaurer les ceps atteints en pratiquant le recépage, en coupant le tronc au-dessous des premiers symptômes, ou le regreffage, en sectionnant le tronc tout en bas au niveau de la soudure entre le porte-greffe et le greffon, ou le curetage, en ouvrant les pieds malades et en retirant les zones contaminées.

En renouvelant les pieds morts afin de maintenir la productivité de la parcelle avec la technique du marcottage. Figurez-vous que la vigne est pleine de ressources, si vous enterrez un sarment, encore relié à sa vigne-mère, et en laissant son extrémité à l’air, celui-ci est capable de s’enraciner puis de former un nouveau cep au bout de quelques années.

En mettant en œuvre des mesures prophylactiques ; taille minutieuse, limitation de la vigueur et de la charge des souches, sélection de jeunes plants de qualité.

En protégeant les plaies de taille, zone d’entrée des champignons, en appliquant des barrières (fleur de chaux, goudrons de pin) ou des produits à base de champignons antagonistes.

Parce que l’esca est en recrudescence, notamment dans le Languedoc et en Alsace, suite aux derniers millésimes chauds et secs qui fragilisent les vignes et les rendent encore plus vulnérables.

Quelles seront les solutions de demain ?

Des études sont en court depuis plusieurs décennies afin de trouver des solutions durables contre les maladies du bois : la création de nouveaux cépages plus résistants, des méthodes de détection précoce des symptômes, des produits phytosanitaires.

Des chercheurs de l’Unité Mixte Technologique (UMT) Génovigne de Montpellier sont en train de développer un projet baptisé Scan me if you can qui permettra de scanner les ceps de vigne afin de mettre en évidence les tissus infectés et ainsi de les enlever par un curetage précis avant que la maladie ne se propage.

Un produit est en cours de développement dans le cadre du projet européen BIOBESTicide, à base d’un champignon ayant la capacité de stimuler les défenses naturelles de la vigne et d’entrer en compétition avec les agents pathogènes responsables de l’esca et du Black Dead Arm.
Après une première validation lors d’essais sous serre, l’expérimentation va se poursuivre en 2023 à plus grande échelle au vignoble. Cependant, la synthèse des résultats prendra plusieurs années et l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de la spécialité commerciale correspondante certainement plus d’une décennie...

Les maladies du bois sont encore aujourd’hui une impasse technique en viticulture qui met en péril la viabilité des parcelles les plus qualitatives, à savoir les vieilles vignes. Il serait peut-être temps de se mobiliser afin de préserver l’identité de nos vignobles français...

Pour en savoir plus sur les maladies dans la viticulture, lisez nos articles :

- Les maladies de la vigne
- Les ravageurs de la vigne
- La vigne peut-elle attraper des virus ?
- Pourquoi traite-t-on la vigne ?

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