Rencontre avec Daniel Kiszel, vigneron francilien au Domaine Bois Brillant

Rencontre avec Daniel Kiszel, vigneron francilien au Domaine Bois Brillant

Décidément, le monde du vin est plein de surprises ! Si on m’avait dit un jour que mes pas d’œnologue m’emmèneraient sur la route des vins d’Ile De France.
Ils sont fous ces franciliens, faire du vin ?. Allons vérifier !

La naissance d’un Domaine

Aujourd’hui, je pars à la rencontre de Daniel Kiszel, vigneron en Seine et Marne, sur la toute récente appellation IGP Ile De France.
C’est à Guérard, charmante petite commune située à une cinquantaine de kilomètres à l’est parisien, que je me rends.
Daniel, arborant un large sourire communicatif, m’y attend, prêt à arpenter son domaine et à partager sa passion.

Daniel est tombé dans la marmite quand il était… en Colombie ! A 22 ans, et grâce à une expérience professionnelle dans l’aménagement du territoire, il découvre le vignoble colombien et toutes ses richesses. A son retour en France, il devient chef d’entreprise dans l’immobilier. Quelques années plus tard, rattrapé par sa passion et bien conscient de l’exigence du travail de la terre, il crée en autodidacte son Domaine viticole en 2003 : Le Domaine Bois Brillant.

Parcelle de Chardonnay du Bois Brillant - Crédit photo Domaine Bois Brillant
Parcelle de Chardonnay du Bois Brillant - Crédit photo Domaine Bois Brillant

Un autodidacte engagé

Pour cet audacieux projet, il aura fallu de la patience et un travail de longue haleine. S’entourant d’amis bourguignons, Daniel plante sur les coteaux argilo-calcaires de ses terres, Chardonnay, Pinot gris et Pinot noir. Premier domaine professionnel dans la région, il compte aujourd’hui un hectare de vignes, conduit en agriculture biologique.

Véritable havre de paix mêlant biodiversité et respect de l’environnement, on se surprend au détour d’une vigne, à trouver une dizaine de moutons, partenaires viticoles avérés, luttant contre les mauvaises herbes. Vous l’aurez compris, ici c’est la nature qui prime.

Et en cave ? Un pressoir, un égrappoir, des cuves et quelques barriques. Pas de superflu et pas d’intrant non plus. Rien que du naturel pour un résultat fruité, gourmand et 100 % plaisir ! Les vins sont vinifiés sans ajout de levures, les transferts de cuve à cuve sont limités afin d’éviter toute oxydation inappropriée et les vins mis en bouteilles sont stockés à l’abri de la lumière dans un chai à 12 degrés.

Cuvée blanche 2019 du Domaine Bois Brillant - Crédit photo Cécilia Galaret
Cuvée blanche 2019 du Domaine Bois Brillant - Crédit photo Cécilia Galaret

En parallèle, depuis presque 20 ans, il s’évertue à faire revivre la viticulture en Ile de France. Daniel s’est activement engagé dans la lutte pour le renouveau viticole de la région en intégrant le syndicat des vignerons franciliens et en participant à la création de l’IGP.

Quels sont les secrets de ce personnage haut en couleur ?

Cécilia : Du vin en Ile De France : Un projet fou ! D'où vous est venue cette idée ?

DK : Par passion ! Quelle meilleure finalité pour un amoureux du vin que d’être capable de l’élaborer soi-même. J’ai d’abord cherché à investir dans le Bordelais et en Bourgogne, avant que les prix ne m’en dissuadent. Puis l’évidence m’est apparue : l’Ile de France jadis, était le plus grand vignoble de notre pays et Guérard en faisait partie. Je me suis alors plongé dans des recherches historiques et y ai découvert des écrits relatant la présence de la vigne dès 1232 sur mes terres : l’aventure pouvait commencer.

Cécilia : Quelles sont les premières réactions lorsque vous indiquez faire du vin en Ile de France ?

DK : Le regard et l’écoute sont bien différents aujourd’hui. Il y a 5 ans, j’étais le "fada" local (pour reprendre une expression du sud). Personne ne prenait au sérieux le projet de vigne de Guérard, notamment les élus locaux et aucun d’entre eux ne se doutait de la réussite de ce projet. Aujourd’hui, les gens viennent au caveau pour découvrir l’histoire du vignoble francilien et déguster des vins de terroir.

Cécilia : Pourquoi Domaine Bois Brillant ?

DK : Pour deux raisons ; Le domaine actuel est à l’origine une ancienne maison viticole du XVème siècle, seule bâtisse située sur la rue du Bois Brillant. Guérard est également une ancienne cité druidique qui ne manque pas de références à la lumière. J’aime à penser que le domaine reflète cet esprit de lumière…

Cécilia : Quels styles de vins produisez-vous ?

DK : Je produis deux styles de vins : rouge en 100 % pinot noir, et blanc en chardonnay et pinot gris. Le rouge est un glou-glou de plaisir porté par le fruit et surtout la cerise. J’ai toujours en mémoire des soirées entre amis où l’on dégustait la cuvée rouge 2015 et où l’on retrouvait des déclinaisons de griottes et de cerises burlat qui nous émouvaient. Le blanc est d’une grande complexité notamment le millésime 2018. C’est un vrai ravissement qui évolue vers des notes d’ananas, de coing avec une belle longueur en bouche.

Cécilia : Avec quels plats préférez-vous accorder votre vin blanc ?

DK : Le plat des amis, ce qui compte, c’est avec qui on le boit.
Plus sérieusement, en apéritif avec du pain de campagne et quelques bons fromages.

Cécilia : Dans vos rêves les plus fous, à quoi ressemblera le vignoble francilien de demain ?

DK : Un peu comme le vignoble alsacien, une carte très morcelée avec des bastions viticoles dans des cadres ruraux et préservés de l’Ile de France. Avec un tel potentiel dans la région, je suis persuadé que le vignoble francilien a de beaux jours devant lui.

Crédit photo vignette de couverture : Cécilia Galaret

Vous aimeriez en savoir plus sur le vignoble de l'Ile de France ? Lisez notre article L’Ile de France : le vignoble de demain ?

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