Portrait de Lucile Lagarde, vigneronne au Domaine Lagarde

Portrait de Lucile Lagarde, vigneronne au Domaine Lagarde

C’est à l’orée du moment le plus trépidant de l’année que nous avons rencontré Lucile Lagarde, dans son fief bourguignon au cœur de la Côte Chalonnaise. Portrait d’une jeune vigneronne au large sourire bienveillant...

Les baies de Chardonnay sont parées de jolis reflets dorés, le chai est rutilant de propreté, un mélange d’excitation et de sérénité flotte dans l’atmosphère du Domaine Lagarde en cette veille de vendanges.
Le millésime 2023 s’annonce prometteur, il faut que le temps se maintienne au beau afin d’assurer une maturité optimale, notamment sur nos Pinot, annonce Lucile d’une voix enjouée teintée d’un soupçon d’anxiété...
Il faut dire que l’enjeu est d’envergure quand on se lance dans l’aventure vigneronne (lire notre article Vigneronne/vigneron, un métier difficile qui fait pourtant rêver).

Lucile n’avait pas forcément prévu de faire ce métier. Et pourtant, c’est elle qui a insufflé à ses parents la motivation pour créer le Domaine Lagarde en 2019.
Chantal et Jean-François Lagarde sont issus du milieu agricole, originaires de la Côte Chalonnaise, une région de polyculture. De fil en aiguille, ils ont cultivé 4 hectares de vigne, puis une vingtaine..., qu’ils apportaient à la cave des vignerons de Buxy.
Lucile, sportive invétérée, leur prêtait main forte à l’occasion tout en se destinant à une carrière dans le tourisme. C’est lors de son année comme fille au pair en Angleterre, afin de maîtriser la langue de Shakespeare, qu’elle a vu plus clair dans son avenir. Peut-être en partie à cause du mal du pays...
Après l’obtention de son brevet de Responsable d'Entreprise Agricole, ses stages de vinification, je me suis lancée en direct !
Le Domaine Lagarde a ainsi vu le jour au sein d’un charmant Prieuré du 16ème siècle tombé en désuétude, entouré de ses 6 ha de vigne, qu’il a fallu entièrement réhabiliter.

Partons à la rencontre d’une jeune femme au regard brillant de la passion qui l’anime...

La WINEista. Pourquoi la Côte Chalonnaise fait-elle craquer ?

Lucile Lagarde. Parce qu’elle a tout à prouver ! Elle n’a rien à envier aux appellations voisines, qui sont beaucoup plus prestigieuses. En Côte Chalonnaise, on trouve des bourgognes accessibles et très bons. De plus, les paysages sont superbes, des vignes entourées de murs en pierre, des bocages, des champs de tournesol. C’est sa diversité qui fait sa richesse !

La WINEista. Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

L.L. J’aurais aimé faire une vinification en Australie, pour voir ses paysages grandioses et ses gros domaines. J’ai prévu d’y aller en vacances. Sinon on est pas mal ici ! Même si on a des vignes basses qui font mal au dos...

La WINEista. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

L.L. La diversité des tâches, on fait tous les jours quelque chose de différent. C’est super de partir de la vigne et d’arriver à la bouteille, au consommateur. J’aime être dehors, dans la nature, tailler la vigne au calme.

La WINEista. Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

L.L. L’impact du changement climatique, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Des essais sont menés afin de voir l’expression de la Syrah sur nos terroirs, un cépage qui supporterait mieux la chaleur. Mais je ne suis pas prête à changer, on n’aura plus les mêmes vins...

La WINEista. Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

L.L. C’est difficile de répondre, il y en a plein ! On va attaquer les vendanges, c’est là que tout se passe. C’est un moment stressant, mais c’est là que l’on crée nos cuvées.

La WINEista. Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

L.L. Pas plus que ça... J’ai du caractère, je ne me laisse pas marcher sur les pieds.

Le Clos de Chenôves, Domaine Lagarde
Le Clos de Chenôves, Domaine Lagarde

La WINEista. Quelle bouteille débouchez-vous après une journée de vendanges ?

L.L. Mon Clos de Chenôves, un vin rouge sur le fruit, avec des jolies notes de petits fruits rouges, de griottes, une belle longueur en bouche, des tanins fins caractéristiques du Pinot Noir.

La WINEista. Avec quel plat l’accompagner ?

L.L. Un plateau de charcuteries fines ou une viande rouge grillée.

La WINEista. Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

L.L. Un mélange de Syrah, pour sa puissance, et de Pinot Noir, pour son élégance.

La WINEista. Quels sont vos projets pour votre domaine ?

L.L. La construction d’une cuverie. Même si le Prieuré a un charme fou, on est un peu à l’étroit pour vinifier.

La WINEista. Si je vous dis partir en vrille cela vous évoque quoi ?

L.L. Partir avec mon sac à dos découvrir un pays, une région. Bivouaquer avec un couteau, un saucisson et une bouteille de vin !

Être vigneronne, c’est un métier qui prend du temps, qui n’est pas facile. Il faut être passionnée pour l’exercer. Quoi de mieux que les mots sincères de Lucile pour partager l’expérience d’une jeune femme qui se lance dans l’aventure vigneronne, à la belle et rebelle...

Crédit photos : Domaine Lagarde

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