Les vins blancs du Luberon, une couleur qui monte

Les vins blancs du Luberon, une couleur qui monte

Ses blancs frais et aromatiques ont le vent en poupe ! L’appellation Luberon, avec son terroir calcaire, d’altitude, et sa large palette de cépages, est un véritable eldorado pour la production d’une couleur dont la consommation est en expansion sur le marché mondial.

Les vins blancs du Luberon connaissent un succès retentissant ces dernières années. Crédit photo : E.Perrin
Les vins blancs du Luberon connaissent un succès retentissant ces dernières années. Crédit photo : E.Perrin

Le Rhône méridional joue la carte de la surprise avec son vignoble de l’appellation Luberon qui produit des blancs frais et ciselés. Sa situation exceptionnelle, au sein du Parc Naturel Régional du Luberon, son implantation à une altitude qui varie de 250 mètres à 500 mètres sur de micro terroirs calcaires dispatchés sur les versants nord et sud de son massif, et sa proximité avec les Alpes, classent le Luberon dans la catégorie des appellations à capital fraîcheur. On est par ailleurs la seule appellation, entre le Rhône et la Provence, qui produit les trois couleurs de manière significative. Et grande première, en 2023, la part de nos vins blancs (26,5%) a même dépassé celle des rouges !, explique Joël Bouscarle, le président de l’appellation. Au cahier des charges, la vaste palette de cépages blancs permet aux vignerons de composer des vins aux profils variés et d’ajuster au mieux les équilibres. Le grenache blanc, notre cépage majoritaire, cohabite avec le vermentino, l’ugni blanc, la clairette et le bourboulenc, qui donnent des vins frais, minéraux et à l’aromatique nette tandis que roussanne, marsanne et viognier s’allient dans des assemblages plus opulents qui rappellent le Rhône septentrional, ajoute J. Bouscarle. Dans le contexte international, avec la croissance de consommation des vins blancs, et face aux réchauffement climatique, le territoire du Luberon a de solides atouts.

Sylvain Morey, la culture des blancs de Bourgogne dans le Luberon

Lorsque le bourguignon Sylvain Morey, vigneron à Chassagne-Montrachet, s’installe dans le Luberon en 1995, il retape un vignoble de 40 hectares en consacrant une belle superficie aux cépages blancs. À cette époque, l’appellation est réputée pour ses vins rouges. Historiquement, c’est la famille Perrin, avec sa marque La Vieille Ferme, qui a été l’ambassadeur des vins blancs dans le Luberon.

Sylvain Morey a misé, dès le départ, sur la reconnaissance qualitative des blancs du Luberon. Crédit photo : S.Morey
Sylvain Morey a misé, dès le départ, sur la reconnaissance qualitative des blancs du Luberon. Crédit photo : S.Morey

Elle s’approvisionnait ici pour la fraîcheur des terroirs calcaires et la diversité des cépages, souligne le vigneron. À ses débuts, Sylvain Morey compte sur un portefeuille de vieux ugnis blancs, de jeunes grenaches, il replante roussanne et marsanne et récupère des clairettes pour travailler avec tous les cépages. Avec le changement climatique et les épisodes caniculaires successifs, il constate que le vermentino s’adapte bien à la sécheresse et que la clairette, le grenache et le bourboulenc sont assez tardifs pour passer au travers du gel. Ici, on a une unité de sols calcaires, de l’altitude et des vallées ; celle de la Durance et du Calavon, dans lesquelles l’air froid des Alpes vient se baigner. Tout cela favorise de fortes amplitudes thermiques. Combiné à cela, l’éventail de nos cépages nous permet d’équilibrer nos acidités, explique Sylvain Morey.

À la Bastide du Claux, les vins blancs représentent désormais 40% de sa production avec une cuvée Panorama, qu’il juge représentative du terroir. C’est un vin que je surnomme mon muscadet du Luberon, avec son « panorama de différents cépages, altitudes et terroirs et qui présente un équilibre intéressant entre amertume, gras et acidité sans être trop aromatique », termine Sylvain Morey.

Dans le Luberon, on a une carte à jouer sur les vins blancs

L’œnologue Valentine Tardieu-Vitali dirige le vignoble du Château La Verrerie depuis 2017. À son arrivée, elle fait prendre à la propriété un nouveau virage en décidant de limiter la production des vins rosés, et de se recentrer sur les blancs (aux côtés des rouges). C’est pourquoi elle replante, plusieurs années d’affilée, des cépages dédiés à cette couleur. Je suis passionnée par la culture des vins blancs, leur viticulture et la vinification qu’ils requièrent. Ici, sur ce terroir frais qui nous permet d’aller chercher des profils équilibrés et de travailler avec des cépages moins sensibles aux variations climatiques, on a une carte à jouer. Dans le Luberon, on peut aller au-delà des codes du Rhône méridional, explique Valentine Tardieu-Vitali.

Vieux Ugnis Blancs Malacare  Crédit photo : S.Morey
Vieux Ugnis Blancs Malacare Crédit photo : S.Morey

Au Château La Verrerie, elle produit trois vins blancs, comme sa cuvée Grand Deffand, aux notes d’épices tels que le curry et le curcuma portés par une trame fraîche. J’adore l’empreinte du terroir luberonnais sur les vins, ce côté sapide qui donne une longueur incroyable en bouche. Classée en IGP Méditerranée, l’une de ses deux cuvées baptisées Hautes Collines, est élaborée à partir de viognier en exclusivité. J’ai trois parcelles de viognier que je ramasse en trois fois à des maturités optimales. Je recherche le côté frais, les notes d’eucalyptus, l’aromatique abricotée, sans la sensation de lourdeur qui est souvent associée à ce plant, note l’œnologue. Pour préparer l’avenir et s’adapter au réchauffement climatique, elle croit au potentiel du carignan blanc. C’est un cépage qui est deux fois plus adapté à notre terroir que la marsanne, et une variété qui calme les degrés tout en accentuant dans nos vins la fraîcheur qui fait leur réputation, termine-t-elle.

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher