Le monde du vin est-il sexiste ?

Le monde du vin est-il sexiste ?

Suite à la Journée internationale des droits des femmes, il paraît opportun de se poser une question cruciale : en 2021, le monde du vin est-il sexiste ?

Le sexisme est une attitude discriminatoire fondée sur le sexe. Dans la filière vin, les hommes et les femmes sont-ils traités différemment ?

La parité est-elle d’actualité dans tous les métiers de la vigne et du vin ?

Les femmes ont longtemps été cantonnées à des métiers essentiels mais bien éloignés des feux de la rampe ; En tant que petites mains à la vigne, en laboratoire d’analyses œnologiques, à des postes de bureau (assistante export, marketing, communication...), de conseils (œnologue conseil).

Les vigneronnes travaillent depuis bien longtemps main dans la main avec leur conjoint sans que leurs noms ne soient mentionnés sur les étiquettes ou dans la presse.

Aujourd’hui, les promotions d’œnologues sont à la parité, mais cela ne se retranscrit pas dans tous les débouchés. Les œnologues conseils mondialement reconnus appartiennent encore quasi exclusivement à la gent masculine, idem pour les maîtres de chai ou les postes de direction technique.

Les critiques vin dans la presse spécialisée sont encore majoritairement masculins. Dans la restauration, les sommelières sont en très large minorité.

Il est vrai que, depuis quelques années, les femmes de la filière exerçant des métiers inhabituels comme vigneronnes, sommelières, directrices, ont le vent en poupe dans les médias. Cependant, la parité sera enfin d’actualité quand le sexe ne représentera plus ni un défaut, ni une qualité...

Les femmes rencontrent-elles des difficultés à faire reconnaître leurs compétences ?

La filière vin n’échappe malheureusement pas à cette réalité témoignant d’une société patriarcale. Tant que les femmes seront sous représentées dans certains métiers, que l’égalité salariale ne sera pas effective, que les stéréotypes de genre persisteront, il sera toujours plus difficile de faire reconnaître leurs compétences.

Une femme doit faire plus ses preuves qu’un homme pour être reconnue, taper du poing sur la table pour être entendue, résister à des propos sexistes.

Celles qui accèdent à des postes à hautes responsabilités sont parfois qualifiées de dames de fer. Peut-être parce qu’il faut du caractère pour réussir ce parcours du combattant ?
Pourquoi le comportement de leurs homologues masculins suscite-t-il moins d’intérêt ? Les hommes qui réussissent sont-ils doux comme des agneaux ?

La dégustation du vin est-elle sexiste ?

C’est peut-être la thématique qui l’est le plus !
Le vocabulaire employé n’échappe pas à des propos comme il a de la cuisse concernant les larmes du vin, à des qualificatifs clairement liés au pouvoir séducteur de la femme, une cuvée charmeuse, sexy, affriolante, facile...

Certains pensent que les femmes sont plus compétentes dans l’exercice de la dégustation, plus fines pour identifier les arômes.
L’analyse sensorielle demande avant tout de l’apprentissage, la description du nez du vin fait appel à la mémoire olfactive, aux souvenirs d’enfance.
La prédisposition génétique n’a que peu d’impact en la matière et n’est en aucun cas liée au sexe !

Les vins élaborés par des femmes sont fréquemment targués de vins de femme, c’est-à-dire correspondants à des profils peu concentrés, peu tanniques, plutôt sur l’élégance.
Un vin témoigne de son terroir, millésime (voir notre article Qu’est-ce que l’effet millésime ?), itinéraire de vinification, élevage, âge... Il résulte d’une jolie adéquation entre la nature et l’humain, indépendamment de son genre.

On retrouve les mêmes caractéristiques sensorielles à propos des vins qui sont censés correspondre aux idéaux des palais des femmes, les fameux vins féminins. Des idées reçues qui ont la peau dure...

Comment les femmes de la filière vin réagissent-elles ?

Les femmes du vin ont bien évidemment compris qu’elles seraient plus confiantes, plus fortes, plus reconnues en se serrant les coudes.

La sororité se manifeste par des associations de vigneronnes comme (lire notre article Coup de projecteur sur Les Vinifilles, de femmes de la filière vin, Women Do Wine (lire notre article Les femmes du vin se rencontrent avec Women do Wine), des ateliers d’œnologie à destination des femmes et des personnes queers, Œnologouine, d’un compte Instagram qui dénonce le harcèlement et le sexisme, Paye ton pinard.

Sur Toutlevin, nous mettons en lumière les vigneronnes en réalisant leurs portraits : Aurélie Carreau au Château Mons La Graveyre, Marie Chartier-Luneau au Domaine Luneau-Papin, Corinne Chevrier au Château Bel-Air La Royère...

La féminisation de la filière vin est en marche, les femmes marchent d’un même pas, afin de ne pas se faire marcher sur les pieds.

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