La Têtue, chai urbain à Lyon : changer de vie et de vin

La Têtue, chai urbain à Lyon : changer de vie et de vin

Réinventer sa vie et la façon de faire du vin : voilà le parcours riche et courageux de Géraldine Dubois, fondatrice du chai urbain lyonnais fort bien nommé : La Têtue, qui vinifie et met en bouteille une production en AO Coteaux du Lyonnais, en bio et nature.
Car il faut de la détermination et de la persévérance pour changer de vie et se positionner sur un circuit de production et de distribution qui n’est pas encore largement ancré, bien qu’en fort développement.
Les chais urbains sont en plein essor avec déjà des exemples à Paris, Marseille et Lyon, répondant à une demande de consommation plus locale ainsi qu’à une envie de conjuguer ruralité et urbanité.
Le parcours de Géraldine est aussi inspirant d’un point de vue humain que d’un point de vue œnologique. Portrait.

Boucler la boucle

Avant de pouvoir boucler la boucle, il faut parfois emprunter des méandres. Après des études de biologie, Géraldine travaille pour un laboratoire pharmaceutique, vit à Paris puis suit son mari à Beaune. Après dix ans de labo, elle lâche tout, cherche la voie en essayant des voies, comme celle de l’écriture avec la rédaction d’articles pour le média Vitisphère, l’immobilier… et les vendanges, qu’elle réalise au domaine du Comte Liger-Belair. C’est le début de ce qui va devenir sa vocation. Ce ne fut pas un coup de foudre immédiat mais d’abord de l’intérêt suffisant pour la porter à s’inscrire en BTS viti-œno. C’est lors de son premier stage réalisé chez Boisset à Nuits-Saint-Georges que la magie se produisit : le jour où j’ai mis le nez au-dessus d’une cuve, j’ai trouvé ça magique. J’ai eu un flash, j’ai été subjuguée par toutes ces odeurs, la chaleur, tous mes sens étaient en éveil, le toucher, la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût. C’est cette sensualité, le travail physique de vigneron, le fait de bouger et ressentir, qui ont participé à ce coup de cœur, intense. C’est à ce moment-là que j’ai compris pourquoi j’avais fait des études de biologie, car c’est ici, dans cet environnement et dans cette activité, qu’elles prenaient tout leur sens, la boucle était bouclée.
Première vinification complète chez Boisset, puis deux ans chez un négociant vinificateur, Eugène Ellia, en tant que maître de chai, avec carte blanche. Puis l’envie de monter son propre domaine.

Première tentative

Une fois le projet identifié, le véritable parcours pour sa mise en place commence. Avec la question centrale : où s’installer ? Lyonnaise d’origine, Géraldine a d’abord cherché dans le Beaujolais. Mais comme souvent, c’est le hasard qui donna la direction à suivre : lors d’un séjour à Perpignan, un ami leur conseille d’envisager le Roussillon. Parce-que les vignes y sont moins chères, qu’il est plus facile de faire du bio… Géraldine se décide pour une installation à Calce et son domaine s’appellera Face B, avec une production en AOP Côte du Roussillon dont le premier millésime vit le jour en 2016.
Sa passion pour la vinification se confirme, parce-que les repères changent tous les ans, ainsi que sa volonté de travailler en nature.
Là-dessus, la vie remet son grain de sel dans l’équation, avec le confinement, une évolution personnelle, mettant fin à l’épisode roussillonnais.

Retour à ses terroirs d’origine

Géraldine décide alors de revenir sur ses terres d’origines et s’installe à Lyon en septembre 2020.
La vente en vrac lui trottait toujours dans la tête, elle s’est alors mise en quête d’un local, d’abord pour créer un wine world, à la croisée des genres : à la fois librairie, lieu de vente en vrac, cave, bar à vin…
Le hasard a repris la main lorsqu’elle visita le local dans lequel elle est aujourd’hui installée, où elle a immédiatement visualisé les cuves. Et compris qu’elle s’interdisait de refaire du vin, alors qu’elle en mourrait d’envie.

Un chai urbain, oui, mais ramener du raisin pour le refaire partir en bouteille, non.
D’où la solution de la vente en vrac, avec des bouteilles consignées.
Quant aux vignes, elle les voulait évidemment locales. Pour cela, Lyon est idéalement située, et les Côteaux du Lyonnais offrent une diversité d’altitude et de terroirs qui l’ont séduite.
Je veux être la moins interventionniste possible, en veillant toutefois à ce que mes vins ne dévient pas. Donc je les laisse faire, peu de pigeages et de remontages, pas de sulfites, levures indigènes. Avec le temps, on apprend à faire confiance à ses raisins, à les écouter.
Deux gammes sont nées, l’une en négoce, l’autre cultivée et produite par Géraldine, en bio.
La première comprend deux cuvées, le Rouge d’ici et le Blanc de là (12€ les 75cl et 5€ de consigne) ; Idem pour la seconde avec le rouge Guerrière et le blanc Court-Circuit (15€).
Des vins vivants et vibrants, comme elle.

Infos pratiques :
La Têtue Vins
3 rue Grobon, 69001 Lyon
latetuevins@gmail.com
du mardi au vendredi de 17h à 20h et le samedi de samedi de 14h à 19h

Crédit photos : Pauline Gonnet

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