Fleurie, un cru hors du commun !

Fleurie, un cru hors du commun !

Depuis une dizaine d’années, le cru Fleurie, l’un des plus prestigieux du Beaujolais, s’est lancé dans un projet structurant de montée en gamme via une revendication de ses lieux-dits en premiers crus. Sous l’impulsion d’un collectif dynamique, de dégustations professionnelles plus régulières et d’un travail de positionnement tarifaire, la notoriété du cru est en phase ascensionnelle. Après une première découverte pendant le salon Wine Paris, Toutlevin est allé sur place découvrir ce terroir de granit rose et ce gamay au profil fin et floral qui a entamé son opération séduction. En route vers les premiers crus !

La vue aérienne de la Madone à Fleurie, panorama incroyable - Crédit photo : Inter Beaujolais / Etienne Ramousse
La vue aérienne de la Madone à Fleurie, panorama incroyable - Crédit photo : Inter Beaujolais / Etienne Ramousse

Sur les hauteurs de Fleurie, le panorama sur la plaine de Saône est grandiose. Le vignoble trouve sa place au milieu d’une géographie particulière faite de mamelons adossés au rebord du Massif Central à une chaîne de crêtes : fût d’Avenas, Col de Durbize, Col des Labourons, Pic Raymont. Du haut de ses 435 mètres d’altitude, la Madone pose son regard protecteur sur les vignes de l’appellation éponyme. Certains racontent que cette chapelle a été bâtie en 1870 pour protéger les vignes contre l’oïdium, explique Arnaud Despres, le vigneron du domaine de la Madone. Mais en vérité, l’hypothèse la plus semblable est qu’elle a été érigée pour éviter l’invasion des Prussiens. Les habitants l’ont d’ailleurs surnommé Notre-Dame-de-la-Pétoche. C’est au cœur de ce terroir à l’histoire riche et au sol très homogène - les arènes granitiques aux tons rosés couvrent ici quasiment toute l’entité (90%) - que le gamay s’épanouit pleinement pour livrer des vins aux arômes fleuries (rose, violette, iris, pêches de vigne) typiques du cru, et à la douceur, unique, comparée aux autres appellations du Beaujolais. La lente érosion du granit rose, combinée aux multiples profondeurs des sols, permet également une diversité des vins d’année en année.

Parcellaires, médiatisation accrue et valorisation économique

Les vignes de Fleurie depuis les hauteurs du domaine de la Madone - Crédit photo : Yoann Palej
Les vignes de Fleurie depuis les hauteurs du domaine de la Madone - Crédit photo : Yoann Palej

Pour moi, c’est le plus fin et le plus élégant des crus du Beaujolais, lance Grégoire Hoppenot du domaine Hoppenot qui s’est installé en 2018 après une carrière de négociant. Il est le secrétaire de l’association du cru et fait partie de cette jeune génération de néo-vignerons qui ont passé la seconde dans le projet de montée en gamme de Fleurie. Nous misons beaucoup sur la valorisation des lieux-dits, on aimerait en faire des locomotives pour le Beaujolais, ajoute-t-il. Depuis 2009, une action collective portée par l’ODG des crus du Beaujolais a été entamée afin de mieux valoriser la production des vignerons. Et les lieux-dits sont la clé de voûte, l’élément central, relaie Florent Berrod du domaine des Fonds. Ce dernier, responsable sur la démarche Premiers crus, enchaîne : On a recensé 51 lieux-dits cadastraux sur Fleurie et on en a déjà dégustés 32, soit environ 120 cuvées en tout. Au final, les résultats sont plus que probants puisque la richesse et la qualité sont au rendez-vous. Depuis 2019, le projet a pris de la hauteur sous l’impulsion d’un collectif dynamique et de plusieurs facteurs : la multiplication des parcellaires, la médiatisation via des dégustations presse et la valorisation économique. L’effet montée en gamme est déjà perceptible auprès des professionnels, poursuit Grégoire Hoppenot.

Une chance folle de disposer de ce terroir

Le sol granitique rose typique de Fleurie et le domaine de la Madone - Crédit photo : Yoann Palej
Le sol granitique rose typique de Fleurie et le domaine de la Madone - Crédit photo : Yoann Palej

Lors du dernier salon Wine Paris, une trentaine de vignerons du cru s’étaient donnés rendez-vous à la Bonne Franquette, une brasserie emblématique en plein Montmartre. La richesse et la finesse du gamay de Fleurie avait déjà fait son œuvre auprès notamment de Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde en 1992. On a une chance folle de disposer de ce terroir et il faut que tout le monde s’en rende compte, confie Guillaume Chanudet du domaine Chanudet. Les vins sont lumineux, fruités, fins et la diversité de nos lieux-dits, des altitudes, des expositions, du stade de dégradation de la roche en font un cru hors du commun ! Avec Chiroubles, Juliénas et Côte de Brouilly, Fleurie est l’un des crus les plus pentus du Beaujolais. C’est pourquoi la valorisation économique est au cœur des préoccupations des vignerons. Il faut que le consommateur soit averti qu’ici, il est quasiment impossible de mécaniser le travail, que tout est fait à la main et que cela demande beaucoup de temps. On rencontre aussi des problèmes d’érosion en forts coteaux, développe Mathieu Melinand du domaine des Marrans. Le mettre en avant, c’est légitimer un prix plus élevé et une valorisation qui accentue encore plus la montée en gamme de nos vins. Sans compter l’engouement générationnel que peut susciter une meilleure tarification pour les reprises de domaine ou les installations de nouveaux vignerons.

800 ha et 80 domaines, un cru précurseur

Une cinquantaine de cuvées dégustées entre Paris et Fleurie  - Crédit photo : Yoann Palej
Une cinquantaine de cuvées dégustées entre Paris et Fleurie - Crédit photo : Yoann Palej

Désormais, le projet a entamé une nouvelle phase avec une grande enquête des pratiques culturales et des savoir-faire auprès des vignerons. Il nous faut un état des lieux très précis afin de pouvoir déposer un dossier solide pour le printemps 2023, ajoute Florent Berrod. Le travail bibliographique et cartographique (via Inter Beaujolais) et les échanges avec l’INAO sont pour le moins positifs mais c’est un travail de fourmi, reconnaît Grégoire Hoppenot. Dans un premier temps, une dizaine de lieux-dits sont susceptibles de devenir grands crus mais cela pourrait ouvrir la porte à d’autres à l’avenir. Avec un peu plus de 800 ha potentiels et environ 80 domaines, Fleurie se pose en précurseur mais aussi en meneur d’une démarche qui pourrait bien servir de tremplin à tout le Beaujolais. Après avoir dégusté plus d’une cinquantaine de cuvées entre Paris et Fleurie, le travail de persuasion a fait son chemin. Le mieux est encore de venir goûter sur place pour vous faire votre propre opinion !

Deux des coups de cœur de dégustation signés Marc Delienne et Grégoire Hoppenot - Crédit photo : Yoann Palej
Deux des coups de cœur de dégustation signés Marc Delienne et Grégoire Hoppenot - Crédit photo : Yoann Palej

Toutlevin a (particulièrement) aimé :

• Clos du Pavillon 2020 du domaine des Marrans (18)
• Les Côtes 2018 du domaine Laura Lardy (18)
• Clos de l’Amandier 2020 du domaine Hoppenot (17,5)
• La Presle 2020 du domaine des 2 Fontaines (17,5)
• Madone Vieilles Vignes 2020 du domaine de la Madone (17)
• La Vigne des Fous 2019 du domaine Marc Delienne (17)

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