Quelle est l'origine des cépages ?

Quelle est l'origine des cépages ?

Même si l'on n'ose parfois pas l'avouer, on a toutes et tous notre cépage préféré ! Parce qu'il nous évoque de belles expériences sensorielles...
Mais s'est-on un jour demandé d'où il provenait ? Quelle est l'origine des cépages ?

Qu'est-ce qu'un cépage ?

Vous connaissez forcément diverses variétés de pommes (Golden, Gala, Fuji) ou de fraises (Gariguette, Ciflorette, Mara des bois). Et bien, on peut assimiler un cépage à une variété de vigne. Un cépage est une variété cultivée de l'espèce botanique Vitis vinifera.

La science qui étudie les différents cépages s'appelle l'ampélographie (depuis le 17ème siècle). Elle regroupe leur description et identification, leur comportement vis-à-vis du milieu (aptitudes culturales et œnologiques) et l'étude de leur évolution.
Elle se base, depuis la nuit des temps, sur des critères morphologiques (rameau, feuille, baie, grappe) et a été révolutionnée par l'apparition des critères génétiques (marqueurs moléculaires, analyses ADN) et du traitement des données par la bioinformatique.

Comment naît un cépage ?

Un cépage naît suite à deux processus biologiques : la reproduction sexuée et la multiplication végétative.

La reproduction sexuée, la fécondation d'un pistil d'une fleur de vigne par le pollen d'une autre fleur de vigne, entraîne un brassage génétique, donc de nouveaux cépages. Par exemple, le croisement entre le Pinot et le Gouais a donné, entre autres, le Chardonnay et le Gamay.

Une fois qu'un nouveau plant est né, il s'agit ensuite de le multiplier de façon végétative (sans reproduction sexuée) en bouturant (ou marcottant) un de ses rameaux. Cette méthode permet de le reproduire à l'identique (sans recombinaison génétique), sauf quand une mutation génétique survient par hasard et touche un caractère très important comme la couleur des baies. On distingue alors un nouveau cépage : comme avec le Grenache Noir et le Grenache Gris.

Une histoire très ancienne

Les cépages actuels sont le fruit et les témoins d'une très longue histoire...
Tout a commencé au Néolithique, avec l'apparition de vignes sauvages de l'espèce V. vinifera (les Lambrusques). C'est ensuite la main de l'Homme qui a domestiqué, sélectionné la vigne pour donner naissance aux cépages cultivés.

L'origine de la vigne serait l'Asie.

On la retrouverait ensuite en Amérique à la fin de l'ère Tertiaire, puis sur le pourtour méditerranéen.
Les premières domestications ont eu lieu il y a 6 ou 8000 ans, dans la région du Caucase du Sud (Géorgie, Arménie, nord de la Turquie et de l'Iran). La vigne serait un des premiers fruits à avoir été domestiqué, après les céréales.

Petit à petit, la progression de la domestication s'est faite par voies maritimes et terrestres. D'est en ouest, depuis le Proche-Orient, Moyen-Orient, la région balkanique, la péninsule italienne, ibérique, la France. Et bien sûr aussi vers l'Orient mais ce cheminement n'a pas encore été assez étudié.
Puis, plus tard, dans le nouveau monde viticole, avec la découverte de l'Amérique : en Amérique Centrale, du Nord (Californie), du Sud (Chili, Argentine), ensuite en Afrique du Sud et les deux dernières étapes en Australie et Nouvelle-Zélande.

Une histoire complexe

Des descriptions précises des cépages ont débuté à l'Antiquité. Mais, même si la Bible, les écrits grecs, les romains, parlent d'eux, leurs noms sont inconnus et leurs descriptions morphologiques ne permettent pas de les rapprocher de variétés actuelles.
Il faudra attendre le Moyen Âge pour arriver à suivre, au travers de textes, l'histoire des cépages (Pinot, Gamay, Nebbiolo, Muscat, Grenache...). Au 18ème siècle, des études très poussées décrivent les cépages par régions viticoles.

Le plus compliqué est d'arriver à faire le tri de toutes ces informations. Les ampélographes surnomment cela la jungle des dénominations variétales. Un même cépage peut être désigné par plusieurs noms, des synonymes (comme le Cot et le Malbec). Mais des cépages différents peuvent aussi être désignés par un nom identique, un homonyme, ou très proche (le Riesling est différent du Riesling Italico, du Grey Riesling ou encore du Emerald Riesling).

L'ampélographie est semée d'erreurs et de remises en question... Elle est en perpétuel mouvement selon les avancées scientifiques.

Une énorme diversité qui est menacée

On estime autour de 6000 à 7000 cépages dans le monde. En France, 326 sont inscrits (donc autorisés à la culture) au Catalogue officiel national.

La diversité des cépages est énorme ! Afin de mieux les connaître et de les identifier, les chercheurs travaillent à établir leurs arbres généalogiques, à trouver les parents des cépages traditionnels, voire les interconnexions entre les différentes familles.

Mais cette tâche de longue haleine est perturbée par le fait que beaucoup de variétés anciennes ont disparu. Qu'on se le dise, cette belle diversité est menacée !

Aujourd'hui, 20 cépages seulement font tourner la planète vin.

Et même si l'on assiste à un retour aux sources, à la mise en lumière de cépages autochtones (voir notre article Le Tardif, un nouveau cépage ancien), cela ne concerne que des marchés de niche...

Les cépages ont suivi l'évolution de l'Homme, ils ont voyagé à travers le monde, se sont mélangés au gré de leurs rencontres. Après ce long chemin parcouru, il serait inacceptable que des palais standardisés leur coupe l'herbe sous les pieds...

Source : Thierry Lacombe, ingénieur de recherche en génétique de la vigne, INRA Montpellier, conférence Les Vendanges du Savoir, la Cité du Vin.

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