Portrait d’Aude Parra, vigneronne à la Bastide des Songes

Portrait d’Aude Parra, vigneronne à la Bastide des Songes

Photo de couverture : Aude Parra, vigneronne à la Bastide des Songes - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

Partons à la rencontre d’une femme solaire, à l’image de son vignoble languedocien. Portrait d’Aude Parra, vigneronne à la Bastide des Songes à Canet, un village typiquement héraultais.

Quand on pénètre les lieux, on ne songe pas que cette bastide de charme aux accents toscans, havre de quiétude à l’abri des regards, soit l’œuvre de Jean-Noël Torquebiau, le papa d’Aude. Ce forcené de travail, viticulteur de métier, a plus d’une corde à son arc, il a construit de ses mains la Bastide des Songes.

Cette famille du cru, originaire de Canet, a toujours cultivé la vigne et les raisins étaient apportés en cave coopérative. Après avoir augmenté la superficie de l’exploitation, qui compte aujourd’hui 45 hectares, ils ont tout naturellement souhaité aller jusqu’au bout de l’aventure en faisant leur propre vin.

La Bastide des Songes est ainsi née en 2003, après plusieurs années de labeur afin de restructurer le vignoble, construire la cave de vinification, le chai à barriques et le caveau de dégustation.

Aude a toujours baigné dans cet environnement viticole, sans pour autant décider d’emblée de s’investir à plein temps dans le domaine. Il faut dire que, loin des idéaux qui font rêver (lire notre article Vigneronne/vigneron, un métier difficile qui fait pourtant rêver), il n’est pas si évident de se lancer. On a eu une dizaine d’années de galère.

Cependant, quand son frère lui a dit on a besoin de toi pour développer l’activité, la solidarité familiale et son attachement au vin ont eu raison d’elle. Aude a ainsi quitté son poste de commerciale dans le pneumatique afin de rejoindre son frère, maître de chai, et sa sœur jumelle, responsable du vignoble, en 2018.

Partons à la rencontre d’une jeune femme solaire et solidaire, capable de déplacer des montagnes pour faire rayonner la Bastide des Songes !

La WINEista. Pourquoi votre vignoble fait-il craquer ?

Aude Parra. Parce qu’il offre un vaste terrain de jeu, qui stimule la créativité. Nous avons plusieurs îlots parcellaires, plusieurs terroirs. Nous sommes en IGP Pays d’Oc, cela nous permet d’avoir une belle diversité de cépages. Nous avons pris le parti de nous différencier en plantant des variétés atypiques pour la région, du Gewurztraminer, Pinot Noir, Malbec, l’année dernière du Niellucio.

La WINEista. Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

A.P. C’est clair que non ! Ce qui me porte c’est ma famille, l’équilibre et la complicité qu’il y a entre nous.

La WINEista. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

A.P. C’est le partage et les rencontres. Je me suis liée d’amitié avec des vigneronnes et vignerons, qui ont les mêmes joies et les mêmes difficultés. Je suis fière de faire évoluer le domaine, de participer à sa réussite.

La WINEista. Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

A.P. C’est de perdre des clients ! Et aussi la peur des incidents climatiques, notamment en ce moment avec les risques de gelées. On l’a vécu en 2021, ça fait très mal...

La WINEista. Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

A.P. C’est d’avril à septembre, quand la vigne se réveille, que l’on voit fleurir les bourgeons, jusqu’à ce que l’on récolte le fruit de notre travail. Je suis quelqu’un qui aime le soleil, la chaleur, je m’épanouis en même temps que la vigne !

La WINEista. Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

A.P. Oui un peu, mais cela ne me dérange pas pour faire mon métier. Je retombe toujours sur mes pattes, même quand on me pose des questions pièges. Je suis quelqu’un de très sociable mais je sais aussi remettre les choses à leur place. Il faut dire que j’ai été formée à bonne école en travaillant dans la filière des pneumatiques...

La WINEista. Quelle bouteille débouchez-vous après un salon du vin ?

A.P. Après un salon c’est la pause. Je suis trop fatiguée, on déguste pas mal avec les clients, les vins des autres domaines.

La WINEista. Quelle cuvée recommandez-vous pour l’arrivée des beaux jours ?

A.P. Mon Gewurztraminer ! C’est un vin blanc sec très aromatique, frais, minéral. C’est la petite bombe de la Bastide des Songes !

La WINEista. Avec quel plat l’accompagner ?

A.P. Un bon plateau de coquillages.

La WINEista. Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

A.P. Le Gewurztraminer ! Il exprime de beaux arômes de fruits exotiques, litchi, mangue, j’adore les fruits exotiques et les pays dans lesquels on les mange. C’est un cépage qui ne souffre pas de la chaleur, qui se comporte très bien chez nous.

La WINEista. Quelle est la remarque qui vous fait le plus plaisir de la part d’un client ?

A.P. Ouah ! Quelle audace vous avez eu de planter des cépages atypiques et qui donnent des vins aussi bons !

La WINEista. Et celle qui vous agace le plus ?

A.P. Du Gewurztraminer en Languedoc, mais comment c’est possible ! Dans ce cas, ce n’est pas la peine d’insister. Le vin est un moment de partage avec des personnes qui sont sur la même longueur d’onde...

La WINEista. Quels sont vos projets pour la Bastide des Songes ?

A.P. Mon père est en train de construire deux gîtes et cinq chambres d’hôtes, qui seront terminés au printemps prochain. Nous allons nous en occuper avec ma sœur, et peut-être avec l’aide de nos filles en saison, en guise de boulot d’été. J’aimerais bien développer le bien-être, proposer des massages aux pépins de raisin, à voir...

La WINEista. Si je vous dis partir en vrille cela vous évoque quoi ?

A.P. Faire des choses complètement déjantées ! On a commencé à le faire avec nos cépages étranges pour le coin. Ou alors dire stop, j’en ai marre, j’ai besoin d’une pause.

Un grand merci Aude de nous avoir ouvert votre cœur. Ce fut un vrai moment de bonheur de vous rencontrer !

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