Les écrivains et le vin : François Mauriac, un écrivain au domaine de Malagar

Les écrivains et le vin : François Mauriac, un écrivain au domaine de Malagar

Né en octobre 1885 à Bordeaux, il s’attache à la capitale girondine à travers ses différents domiciles mais sera marqué à l’adolescence par d’autres lieux de la région comme Gradignan où sa grand-mère Irma possède le Château-Lange, les Landes de Gascogne autour de Langon, Verdelais et surtout Saint-Symphorien durant l’été. Des lieux où la bourgeoisie viticole laissera des traces dans ses futurs romans. Il la décrit comme assoiffée de biens et l’observe avec un œil critique dans son bordelais natal.

Il part pour Paris en 1907, et s’y installe également avec sa femme Jeanne Lafon qu’il épouse en 1913. Il se consacre alors entièrement à sa carrière littéraire qui connaîtra une parenthèse durant la première guerre mondiale.

Il écrit en 1920 la chair et le sang où on peut lire une partie viticole sensible. Mais c’est en 1921 qu’il publie Préséances dans lequel il force le trait sur les négociants bordelais et leur bonne manière de façade. La publication de ce roman caricature ce qu’il appelle l'aristocratie du bouchon du quartier des Chartrons. Ce qui marquera un tournant dans la vie de Mauriac et fera de lui pour longtemps une persona non grata sur Bordeaux.

Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, quand il hérite de la propriété de Malagar en 1927, il est déjà connu pour ses écrits notamment pour le baiser au lépreux (1922). 1927 est également l’année de la publication de Thérèse Desqueyroux, un de ses grands succès littéraires (adapté à l’écran en 2012 par Claude Miller avec Audrey Tautou dans le rôle principal).
Transmise depuis son arrière-grand-père, la propriété de Malagar se retrouve souvent cachée dans ses écrits avec notamment la description des paysages. C’est ici que Mauriac écrira la plus grande partie de son œuvre. La bâtisse autant que les vignes du Sauternais résonnent du souvenir de l’illustre auteur sur son domaine. Il y montre son grand attachement à la maison et à la propriété. La vue sur la forêt des Landes depuis la terrasse le lie au paysage de ses ancêtres : De cette terrasse j’espère regarder l’éternité sans trop cligner des yeux.

Sa jeunesse, ponctuée de séjours à la campagne, transparaît pour les sens comme l’odorat et l’ouïe dans les livres de Mauriac. S’inspirant du milieu de la bourgeoisie terrienne qu’il a longuement fréquenté et a pu observer à loisir, de sa propre famille et parfois de lui-même, il dépeint les paysages avec autant d’affection qu’il a de férocité pour les propriétaires qui cherchent sans cesse à amasser de l’argent.

Mauriac a un rapport au vin diffus mais ancien : dans sa famille, on y trouve un père qui dirige un commerce de bois de merrains (planche / douelle pour la tonnellerie) et une mère héritière d’une lignée de négociants. Tout comme Montesquieu à La Brède, Mauriac ne rate pas les vendanges dont il surveille le bon déroulement.

En parallèle, il est élu membre de l’Académie Française en 1933. En 1937, il ressort le livre de raison de Malagar qui a servi à tenir les comptes de la maison pendant des décennies et commence à y inscrire les travaux, les événements, les visites des amis, la vie au domaine et y note des commentaires durant ses séjours. On y lit entre autres qu’il enrage que l’on sucre le vin, il refuse le tracteur à Malagar, raconte les vendanges. Il note les quantités et les degrés d’alcool mais aussi ses inspirations, les années d’occupation, et enfin les pensées personnelles d’un homme simple qui jouit de sa terre et voit passer les années auprès de sa famille dans cette maison qu’il chérit : “Tant pis ! J’oserai dire ce que je pense : paysage le plus beau du monde, à mes yeux... » (Journal, II)”. Véritable journal intime, ce livre montre le lien indéfectible entre Mauriac et Malagar.

Dans Noeud de vipère (1932), on ressent Malagar, on y voit la vigne durant les saisons. Dans Le sagouin (1951), c’est l'alcoolisme qui y est décrit. Mauriac reçoit le Prix Nobel de littérature en 1952.

François Mauriac ne sera jamais un grand buveur, ni un grand connaisseur. Il boit son vin et celui que ses amis lui offrent plus par un attachement poétique que par connaissance de la dégustation. Il écrit de très belles pages sur les vins de Bordeaux qu’il compare aux vins de Bourgogne. Il admire le savoir-faire et les sciences autour du vin. Il cite d’ailleurs des châteaux comme Gruaud-Larose dans Le drôle.

Son dernier roman, Un adolescent d'autrefois reçoit un accueil enthousiaste de la critique en 1969. Une suite, Maltaverne, demeure inachevée et sera publiée de manière posthume en 1972. Il meurt le 1er septembre 1970 à Paris.

Le domaine de Malagar situé à Saint-Maixant se visite et accueille de nombreux événements autour de la littérature et de l’art tout en conservant la mémoire de l’écrivain François Mauriac. Une visite virtuelle est également proposée.

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