La révolution des caves coopératives

La révolution des caves coopératives

Longtemps boudées par les amateurs de vin, les caves coopératives étaient associées à la production de vins de piètre qualité. Responsables de près des deux tiers des 48 millions d'hectolitres soutirés chaque année en France, elles ont décidé depuis une quinzaine d'années maintenant de moderniser leur fonctionnement et de miser sur le savoir-faire des viticulteurs. Cette mutation, qui est toujours en cours, est une véritable réussite. De nombreuses caves proposent aujourd'hui des cuvées qui n'ont plus à rougir de leur origine.

L'Alsace et la Champagne, des modèles historiques

Pionnière de ce mouvement, l'Alsace a vu naître les premières coopérations vinicoles dès les années 50. Parmi les plus réputées, on peut notamment citer la Cave des Vignerons de Pfaffenheim ou sa cousine de Ribeauvillé. La recette du succès ? Un cahier des charges exigeant et une stratégie marketing imparable.
Elle a été suivie de près par la Champagne, qui a développé une profonde culture de la cave coopérative qualitative. Si bien que ce mode de travail représente un tiers de la production de la région. Ici, les caves coop sont au coude à coude avec les grandes maisons, investissant les rayons des grands magasins sous des noms qui n'évoquent en rien une provenance collective. Qui pourrait imaginer que le Champagne Veuve A. Devaux, avec son manoir et la mise en avant de son vignoble de la Côte des Bar, regroupe en réalité pas moins de 950 vignerons ? Très loin de l'image à peine correcte qui colle à la peau des caves coopératives, Devaux a instauré une équipe dédiée au suivi de la qualité des parcelles et fait vieillir ses vins plus longtemps que l'appellation ne l'exige. Un modèle qualitatif qui a inspiré de nombreux établissements.

Une nouvelle image de marque

Sur la dernière décennie, de multiples caves coop à travers la France ont effectué un lourd travail sur les techniques de culture et de vinification. En plus du labeur rigoureux des vignerons, elles sont plusieurs à miser sur des modes de culture respectueux de l'environnement. L'un des exemples les plus percutants, les Vignerons de Buzet, a mis en place une stratégie touchant chaque aspect de la problématique écoresponsable : protection d'espèces animales en voie de disparition, valorisation des déchets organiques, installation de ruches dans le vignoble…
On voit également des investissements oenotouristiques apparaitre, prouvant que l'étiquette coopérative n'a plus à être dissimulée. Les Vignerons de Tutiac, dans le bordelais, ont créé un parcours De la vigne au verre récompensé lors du concours Best of Wine Tourism en 2016. En 1h30, les amateurs de vin y découvrent toutes les étapes de l'élaboration de leurs cuvées. Le point fort de cette visite : un vignoble expérimental autour du respect de la biodiversité. Une quête d'innovation qui touche d'autres coop, comme Rhonéa. En effet, celle-ci propose un projet alternatif et responsable pour protéger le patrimoine foncier viticole autour des Dentelles de Montmirail. Elle permet aux passionnés de devenir sociétaires de Rhonéa Vignobles et donc propriétaires d'un vignoble coopératif contre des avantages variés tels qu'une gratification en bouteilles du vignoble, des tarifs préférentiels ou des invitations à des événements dédiés.

Si la mention vin de coopérative n'est pas encore un argument marketing, la révolution culturelle des modèles collectifs est définitivement en marche. Leur objectif, se faire une place de choix sur les tables des restaurants et particuliers…

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