L’Airen, un cépage noble… Et méconnu !

Le saviez-vous ? Le cépage blanc le plus planté du monde est l’Airen, une variété originaire d’Espagne qui nous est pourtant peu familière. La cause principale ? Sa neutralité aromatique à la base de vins idéaux pour la distillation de brandy. Il est temps d’en savoir un peu plus sur lui…

Une variété productive à l’histoire ancestrale

On l’appelle aussi Aiden, Lairen, Blancon, Manchega, ou encore Forcayat. Il est très ancien, il en existe d’ailleurs des traces écrites dès 1615 dans la Mancha en Espagne. Très vite, il a connu un franc succès, devenant même le cépage le plus planté de la planète, toutes couleurs confondues, jusque dans les années 2000. En régression depuis, il n’en reste pas moins conséquent et représente environ 30% de la surface viticole espagnole. On le trouve également tout près de là, au Portugal.

Son expansion est due à sa grande productivité. En effet, cette variété rustique résiste facilement aux climats extrêmes, qu’ils soient chaleureux ou particulièrement froids. De vigueur moyenne et de maturation tardive, il apprécie les sols pauvres, le soleil et le manque de précipitation. Ce qui explique son épanouissement dans des périodes de sécheresse et sa force face aux maladies cryptogamiques, surtout le mildiou et la pourriture grise. Toutefois, il a un ennemi de taille, le vent. C’est pourquoi les viticulteurs qui choisissent de l’implanter préfèrent le tailler court et le conduire en gobelet, afin de protéger son feuillage.

Taillée pour la distillation

Si sa peau est blanche, elle se teinte d’une légère couleur rosée caractéristique une fois arrivée à maturité. Elle offre alors un ravissant paysage pour les chanceux de passage qui se baladent dans le vignoble. Il a longtemps été cantonné au rôle de raisin de table, avant qu’on ne lui découvre de multiples qualités.

Il est vinifié seul ou en assemblage et produit diverses cuvées. Quelques vins rouges sur le fruit, notamment en compagnie du Tempranillo, et plus généralement des vins blancs secs. Ils se distinguent par leur robe claire et brillante aux nuances vert jaune. Dans l’ensemble, ils sont légers, fruités et peu marqués par l’acidité. Leur bouquet aromatique, bien que discret, sait aussi faire preuve de richesse. On décèle beaucoup de fraîcheur apportée par ses parfums d’agrumes, et plus précisément de pomelo. Et ce n’est pas tout. Continuez la dégustation, et vous verrez apparaître des fragrances de noisette, d’amande, de miel d’acacia, de banane, de citron, de raisin sec et de compote de pomme. Ne soyez pas surpris non plus d’y percevoir des notes herbacées et des touches de poivre blanc. Parfait pour l’apéritif et, parce qu’il peut parfois manquer de caractère et qu’il est fort en alcool, il est souvent destiné à délivrer des brandy une fois distillé.

Les amateurs de spiritueux y reconnaîtront des similarités avec l’Ugni Blanc et la Folle Blanche, à la base des cognacs et armagnacs si chers à l’hexagone. Eux-aussi très productifs, ils ont cependant une acidité élevée et une faible teneur en alcool. Mais leur faculté à élaborer des vins au profil neutre en font des candidats adéquats pour la distillation.

Et on le boit avec…

Lorsqu’il propose des blancs secs à savourer dans leur jeunesse, il s’accommode de nombreux mets empreints de simplicité. Servez-le lors d’apéritifs conviviaux, aux côtés de tapas composés d’une ribambelle de légumes et d’un peu de charcuterie. Certains viticulteurs aiment lui amener de la complexité avec un élevage en barrique. Il devient alors plus corsé et gagne en matière. Les fruits de mer formeront avec lui un délicieux mariage, tout comme des poissons nappés d’une sauce onctueuse comme notre sandre au beurre blanc. Un cépage aux multiples facettes, donc, qu’il ne vous reste plus qu’à découvrir.