Cépages méconnus : le Tourbat

Cépages méconnus : le Tourbat

Avec seulement 25 hectares de superficie, le Tourbat est à l’origine d’une production confidentielle que je vous emmène découvrir. Rendez-vous dans le Roussillon et en Sardaigne, où il a trouvé des terroirs de prédilection et délivre des blancs souples légèrement miellés. Partons à la rencontre de cette variété en plein renouveau.

Un cépage catalan ou sarde ?

Qu’il réponde au nom de Tourbat, Torbato, Caninu, ou encore Malvoisie du Roussillon, il s’agit bien d’un seul et même cépage. Si pendant longtemps ses racines ont fait l’objet de nombreux débats auprès des ampélographes du monde entier, c’est parce que les 2 provinces s’attribuant sa naissance faisaient partie du royaume de Majorque au XIVème siècle. Alors, plutôt sarde ou catalan ce Tourbat ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’il a réussi à traverser les frontières et s’installer dans le Roussillon.

Il a d’abord connu un petit succès avant de voir son développement lourdement freiné par sa sensibilité à certaines maladies, tout particulièrement le mildiou et le court-noué. Toutefois, des introductions de bois à partir de cultures sardes et diverses études veillant à sa protection ont permis à cette variété de renaître de ses cendres. A l’heure actuelle, vous pouvez le rencontrer dans la province de Sassari, en Sardaigne, et essentiellement dans la région des Pyrénées-Orientales. Parmi les appellations au cœur desquelles il s’épanouit, nous pouvons citer Banyuls, Collioure, Côtes du Roussillon, Rivesaltes et Maury.

Un cépage amoureux des terroirs méditerranéens

Sa présence sur le pourtour méditerranéen s’explique par son appétence pour les terroirs très chaleureux. Il apprécie ces climats doux qui allient manque de précipitation et vents puissants tels que le Mistral, des conditions garantissant souvent un excellent état sanitaire des baies. Sur ces sols chauds et secs, ses raisins arrivent sans peine à atteindre une maturité optimale. Car le Tourbat est un cépage tardif qui demande du soleil et de la patience pour exprimer tout son potentiel.

Lorsque vous vous baladez au milieu des vignes, vous pouvez le reconnaître à ses grappes moyennes, de forme cylindrique, qui sont parfois ailées. Elles sont garnies de baies juteuses à la peau épaisse, d’abord dorée, qui se colorent d’une belle teinte rose ambré lorsqu’elles sont prêtes à être récoltées. On parle même avec poésie d’une peau dorée mouchetée de rose. De vigueur moyenne, les vignerons qui le travaillent préfèrent le tailler court afin d’en tirer le meilleur. Le mildiou et le court-noué, cités précédemment, ne sont pas ses seules faiblesses, il craint aussi les thrips, l’oïdium, les cicadelles et peut développer des carences en magnésium. Vous l’aurez deviné, les viticulteurs redoublent d’attention avec lui. Ajoutez à cela une capacité de production limitée, et vous comprendrez pourquoi il est resté anecdotique au niveau mondial.

Finesse et acidité marquée

Cependant, ceux qui lui font confiance ne le regrettent pas tant ses vins sont intéressants à déguster. Gras, fins, délicatement aromatiques à travers un nez discret, souples et marqués par une superbe trame acide, ils possèdent une ravissante robe dorée, à l’image des baies dont ils sont issus. Dans leur jeunesse, ce sont les notes de pomme acidulée et de fruits blancs très mûrs qui s’imposent, relevées par des parfums floraux. Laissez-les patienter quelques années en cave, et ils dévoileront des arômes caractéristiques de miel, de cire d’abeille et de fruits cuits.

Les plus explorateurs et connaisseurs d’entre vous ont pu se retrouver nez à nez avec des vins doux naturels mettant le Tourbat à l’honneur. Nul doute qu’ils se souviennent encore avec émotion de cette rencontre gustative qui prouve l’étendue de ses qualités organoleptiques s’il en était besoin. En effet, sa vivacité marquée apporte de l’équilibre et empêche toute lourdeur, signe des vins mutés de haute facture.

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher