Bordeaux, le millésime 2017 se dévoile...

Bordeaux, le millésime 2017 se dévoile...

Maintenant que les jus sont à l'abri dans leurs cuves ou leurs fûts de chêne, le millésime 2017 commence à se dévoiler... Retour sur une matinée très intéressante, organisée par les œnologues d'Enosens.

Enosens est un pôle œnologique regroupant trois centres, basés à Cadillac, Coutras et Grézillac, ayant pour vocation d'apporter aux viticultrices et viticulteurs bordelais et bergeracois l'assistance technique indispensable à l'élaboration des vins.

15 œnologues consultants parcourent les vignobles (1400 adhérents soit près de 30 000 ha de vignes) afin de prodiguer leurs conseils en vinification et élevage. Un réseau d'ingénieurs et de techniciens réalise des analyses œnologiques de précision (220 000 échantillons traités chaque année) et des expérimentations dans le but de manager la qualité, de la vigne à la mise en marché des vins.

Une équipe au cœur de l'action, très bien placée pour nous parler du millésime 2017 !

2017 à Bordeaux, un millésime avare et capricieux.

Climatologie et phénologie

Un hiver et un printemps doux (plus 1,5°C/moyenne des 20 dernières années), suivis d'un mois de septembre frais et couvert.
Un bilan hydrique contrasté, soumis à l'alternance de périodes très sèches et très arrosées. Avec pour résultat, un déficit hydrique de 20% à la veille des vendanges.

Deux épisodes de gel redoutables : une gelée blanche le 20 avril, suivie d'une terrible gelée noire au cours des nuits des 27, 28 et 29 avril.
Tout le vignoble bordelais est touché, des zones impactées à plus de 90%, pour une moyenne de 50% de pertes de récolte.

Un orage de grêle le 27 août dans les secteurs des Graves et de Cadillac. Certains châteaux ont eu une double peine cette année, le gel puis la grêle !

Un débourrement, une floraison et une véraison précoces (1 à 2 semaines d'avance). Le millésime 2017 est parmi les 5 millésimes les plus précoces de ces 20 dernières années.

Une grande hétérogénéité entre les ceps gelés et préservés, notamment à la floraison (mi-juin contre fin mai pour les parcelles intactes). Un décalage largement réduit au moment de la véraison (2 semaines seulement), témoignant de la capacité extraordinaire de la vigne à s'adapter. Elle ne cessera de nous étonner !

Maturité et état sanitaire

Des vendanges précoces dans tous les secteurs.
Des maturités phénoliques synchronisées aux maturités technologiques (voir article : Comment sait-on qu'un raisin est mûr ?).

Une forte hétérogénéité inter et intra parcellaire, due aux gelées de printemps, entraînant des décalages de maturités. Les domaines qui ont eu la capacité de vendanger à la main en plusieurs fois ont pu remédier à cet inconvénient.

L'état sanitaire du vignoble est globalement bon. L'épisode pluvieux de mi-septembre a suscité de l'inquiétude suite au développement de foyers de Botrytis, qui ne se sont généralement pas propagés avec le retour du soleil à la fin du mois.

Rendement et qualité

Une forte baisse des rendements dans toutes les appellations (50% en moyenne).

Des blancs secs frais, toniques, d'une puissance aromatique remarquable. Des rouges présentant de beaux potentiels. Des liquoreux exprimant de jolies notes fruitées et de super équilibres en bouche.

Une qualité globale assez surprenante du fait de ces conditions heureusement inhabituelles. Avec, toutefois, quelques hétérogénéités inévitables, particulièrement sur les rouges. Certains vins issus de parcelles gelées expriment des caractères végétaux.

2017 à Bordeaux, un millésime dont on parlera longtemps...

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