Les vendanges ont-elles une influence sur le prix du vin ?

Les vendanges ont-elles une influence sur le prix du vin ?

Tous les ans, les vignerons se prêtent au même rituel. Des premiers jours de septembre aux dernières semaines d'octobre, les travailleurs se succèdent dans les vignes, sécateur en main et panier sur le dos. Les vendanges ont commencé. Chaque année apporte son lot de surprises : des vignes clairsemées, à moitié détruites par la grêle, des raisins charnus et nombreux lorsque la météo fut plus clémente, ou des fruits presque secs, exposés au soleil tout au long de l'été... La qualité des raisins a un impact direct sur le volume des récoltes. Une petite vendange, et les prix grimpent, faute d'offre. Mais peut-on en dire autant des grandes années ? Toutlevin.com a mené l'enquête.

Une petite récolte est-elle systématiquement synonyme de hausse des prix ?

Le phénomène est mécanique. Le prix d'une bouteille tel que vous le payez chez votre caviste ou dans votre supermarché couvre le coût du raisin, de la vinification, de la mise en bouteille et de la distribution. La part qui revient au viticulteur, elle, sert de variable d'ajustement. Lors des petites récoltes, les vignerons peuvent décider de ne pas augmenter leurs prix pour garder leurs clients, mais voient alors leurs marges diminuer. Une situation compliquée, à l'heure où de nombreux domaines peinent à joindre les deux bouts.

A l'inverse, les consommateurs voient-ils les prix du vin baisser les années fructueuses ?

Loi du marché oblige, l'augmentation de l'offre devrait s'assortir d'une baisse des prix du vin lorsque le volume des récoltes est conséquent. Ce n'est malheureusement pas souvent le cas : la plupart du temps, le prix d'une bouteille reste stable lorsque les vendanges sont bonnes. Pour certains domaines, notamment ceux qui produisent les Grands vins de Bordeaux ou les crus classés, c'est avant tout une question d'image de marque. Leurs prix sont d'ailleurs souvent trop élevés pour être influencés par le volume des récoltes. Les petits vignerons, eux, voient les années fructueuses comme une occasion de se remettre à flots après quelques millésimes compliqués. Les prix restent alors stables.

Seul un produit est sensible au volume des récoltes : le Beaujolais Nouveau. Lorsque l'offre dépasse la demande des consommateurs, ce vin à consommer dans les six mois voit son prix baisser en raison de son caractère éphémère.

Les intempéries subies par les vignerons au début de l'été vont-elles se faire ressentir sur les prix de leurs vins?

Pommard, Santenay, Narbonne… L'été 2014 a vu de nombreuses communes touchées par la grêle. Il s'agit toutefois de phénomènes très localisés : une parcelle peut avoir été détruite, tandis que sa voisine n'a subi aucun dégât. Le vigneron victime des intempéries est susceptible d'augmenter les tarifs de ses bouteilles, faible consolation qui ne compensera jamais la perte de ses raisins, mais cela ne veut pas dire que les prix flamberont dans l'ensemble de l'AOC.

Merci à Fabrizio Bucella, sommelier et maître de conférences à l'Université Libre de Bruxelles.

Publié , par
Mise à jour effectuée

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher