Les cépages résistants

Les cépages résistants

Les vigneronnes et vignerons sont unanimes sur la nécessité de diminuer les traitements appliqués sur la vigne afin de protéger la santé, l'environnement et de réduire les coûts de production. Malheureusement, les variétés cultivées sont, à des degrés différents, sensibles à des maladies qui engendrent des pertes quantitatives et qualitatives considérables. Dans ce contexte, l'utilisation de cépages résistants représente une solution très intéressante.

Qu'entend-on par cépages résistants ?

Il s'agit de cépages tolérants ou résistants aux maladies cryptogamiques (dues à des champignons) comme le mildiou et l'oïdium. 80% des produits utilisés en viticulture sont des fongicides.

Leur plantation permettrait donc de réduire ou d'arrêter l'application de ces traitements phytosanitaires.

Comment obtient-on des cépages résistants ?

On obtient des cépages résistants par une méthode bien connue des scientifiques, déjà utilisée depuis longtemps pour la création des variétés de fruits et légumes que nous dégustons tous les jours. Il s'agit de faire des croisements (ou hybridation) entre des espèces sauvages, résistantes à une ou plusieurs maladies, et des cépages cultivés.

A l'issu de ces croisements, les chercheurs sélectionnent les individus qui ont hérité à la fois des caractères de résistance et des caractères qualitatifs au niveau agronomique et œnologique.

Quels sont les enjeux majeurs de ces croisements ?

Obtenir des cépages résistants c'est bien joli, mais encore faut-il que l'on puisse les cultiver et que les vins obtenus soient buvables !

Au vignoble, ils doivent posséder de bonnes aptitudes agronomiques, être adaptés à nos climats, à nos objectifs de production (rendement, maturité...).

Au chai, ils doivent engendrer des vins de qualité (absence de mauvais goûts, présence d'arômes, équilibrés...).

C'est là que la tâche se complique ! L'obtention de ces nouveaux cépages nécessite plusieurs années de recherches acharnées (environ 15 ans).

Où en est-on quant à leur utilisation ?

Une variété ne peut être cultivée en France que si elle est inscrite au Catalogue National Officiel.

A ce jour, quatre cépages résistants aux maladies cryptogamiques (déjà autorisés en Allemagne) viennent d'être admis au classement français : Monarch Noir, Muscaris Blanc, Prior Noir et Souvignier Gris.

Plusieurs autres candidats, provenant de divers pays européens et de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), ont obtenu un classement temporaire ou sont en bonne voie d'autorisation.

Quel est l'avenir des cépages résistants ?

Les cépages résistants représentent une vraie innovation et ils répondent indéniablement à une volonté commune de réduction des intrants en agriculture.

Ils intéressent beaucoup de monde, semblent prometteurs, cependant, plusieurs interrogations persistent à leur sujet.

Au niveau scientifique, ces résistances seront-elles durables ?

Au niveau culturel et commercial, les acteurs de la filière et les consommateurs seront-ils prêts à faire bouger les codes, à accepter des cépages aux noms inconnus, aux typicités différentes ?

Au niveau réglementaire, les AOC pourront-elles faire évoluer leurs cahiers des charges et inscrire ces nouvelles variétés ?

Au niveau qualitatif, les cépages résistants présentent-ils des caractéristiques agronomiques adaptées ? Qu'en est-il de la qualité organoleptique des vins produits ?

De nombreuses questions qui restent encore en suspens, les cépages résistants n'ont pas fini de faire parler d'eux ?

La WINEista

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