Le pâturage dans les vignes

Le pâturage dans les vignes

Avec une tendance au bio qui s’accélère, les animaux reviennent dans les vignes pour remplacer les herbicides. C’est le pari de quelques viticulteurs en France, avec des moutons bien sûr mais aussi des oies voire même des cochons ! On parle d’éco-pâturage ou, encore plus pointu, de vitipastoralisme.

Pourquoi des animaux dans la vigne ?

Le bio est souvent un vrai challenge, et les produits autorisés sont loin d’être parfaits dans leur efficacité et même dans leur respect du microbiote. Alors comment respecter le terroir, garder ses raisins ? Le pâturage est une solution durable et naturelle prisée par quelques viticulteurs. Mais quand on allie les animaux à la vigne, rien ne s’improvise.

L’animal que l’on retrouve le plus généralement dans les vignes, c’est le mouton ! Il fertilise les sols, permet de supprimer une partie de la végétation non souhaitée entre les rangs et à une grande capacité de consommation d’herbe. Éleveur et vignerons travaillent côte à côte et trouvent des intérêts communs.

Une étude des Chambres d’agriculture du Var, du Vaucluse et des Bouches du Rhône, qui s’associent au Cerpam (Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée) montre que les vignes peuvent apporter 20% à 40% (au printemps) en pâturage pour un troupeau. Un hectare de vigne permet à lui seul de nourrir 250 brebis pendant une journée. Bien sûr, cela dépend aussi du type d’enherbement du vignoble. Il économise ainsi le passage de plusieurs tracteurs.

Un échange de bons procédés

Plus facile à dire qu’à faire, un tas de bonnes pratiques sont à mettre en place pour une cohabitation optimale, comme le temps du travail du sol, l'épandage, le passage des fongicides et la taille mais aussi la gestion des éléments toxiques pour les animaux dans le vignoble. Il faut une sacrée articulation entre la pratique viticole et les pratiques d’élevage mais au final, on retrouve un équilibre écologique perdu et ça fait du bien.

Au château Palmer, domaine bio réputé à Margaux, l’harmonie à la terre est la clef de voûte de la viticulture. On élève des brebis mais aussi des vaches. Les quelques dizaines de brebis ne suffisent pas, mais un berger vient laisser paître son troupeau de 120 brebis tout l’hiver jusqu’au débourrement. Les vaches, elles, sont utilisées pour leur fumier.

Tous les domaines viticoles ne peuvent pas élever leurs propres brebis : il y a donc des partenariats qui se créent avec les éleveurs alentours. Les brebis n’étant pas productrices l’hiver, les retrouver entre les rangs va presque de soi, on renoue avec la tradition de la transhumance. Ainsi des vignerons de Fronsac se sont organisés pour faire venir des brebis… des Pyrénées.

Des oies en Champagne

Au Champagne Tarlant, on a aussi voulu revenir aux sources en retrouvant la cohabitation animale. Des poules, les oies se sont vite imposées. C’est l’expérience à grande échelle du domaine Di Filipo en Ombrie (Italie), qui a fini de convaincre Mélanie Tarlant et son compagnon Daniel. L’oie est rustique mais domestique avec un vrai rapport à l’humain, parfois troublant !

Crédit : Domaine Di Filippo
Crédit : Domaine Di Filippo

Techniquement, une oie mange autant qu’un demi-mouton, l’idée n’est donc pas si folle. En plus, elle ne mange pas les bourgeons et même si elle aime les raisins, elles sont plus intéressées par les liserons pour certaines, les pissenlits, et l’herbe. Elles ont une digestion très rapide, qui permet d’avoir des excréments plus doux pour le sol, une sorte de purée d’herbe qui s’assimile et qui fertilise le sol de manière équilibrée.

Plus qu’un outil, l’oie est un véritable compagnon de vie qui rentre dans le quotidien du domaine. Elle a permis de réapprendre les besoins des animaux, en eau notamment, en espace. Aujourd’hui, le domaine n’a que 6 oies, ce qui ne suffit pas à faire le travail à elles-seules. On sème alors plutôt des plantes qui font concurrence à la vigne et on utilise des outils pour désherber sous le rang.

Les 6 oies ont donc leur parcelle attitrée, proche de la maison, et habitent dans le verger. On les voit dans les vignes au lever et au coucher du soleil, et on les sent bien épanouies. Les salariés et les villageois sont eux aussi curieux de découvrir les oiseaux, qui arrivent même à attirer d’autres animaux. On recrée un écosystème, chaleureux et vivant qui favorise le lien social. Une belle histoire !

Pour l'éco-pâturage avec des oies à grande échelle, vous pouvez aussi aller jeter un œil chez Cono Sur au Chili qui a plus de 1000 oies, surtout utilisée pour contrôler la masse d’insectes appelés “burritos”, mauvaise pour la vigne.

Des cochons en Nouvelle-Zélande

Chez Antiquum Farm, on ajoute aux moutons des cochons Kune Kune (prononcé Koonie Koonie), qui signifie "rond" et "gros" en Maori. Plus petits, super brouteurs, sympathiques, ils font un tandem idéal avec les moutons dont ils diminuent réciproquement les parasites. Grâce à leur museau court et retroussé, il n’y a pas de dommages faits au sol. En plus, ces cochons préfèrent pâturer juste sous la vigne et s’entendent à merveille avec les chiens de berger !

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