Le cheval dans les vignes : la renaissance d’une pratique agricole ancestrale aux bénéfices multiples

Le cheval dans les vignes : la renaissance d’une pratique agricole ancestrale aux bénéfices multiples

Tandis que la viticulture ne cesse de se moderniser avec la digitalisation, l’automatisation et l’amélioration de nombreux outils agricoles, le cheval fait son grand retour dans la viticulture. Plus coûteux, plus lent et pas toujours suffisant, le travail de la vigne à cheval s’inscrit pourtant dans une démarche d’efficacité agronomique incroyable et offre les moyens de respecter et valoriser les terroirs. Plus précis, plus écologique et plus respectueux, le cheval permet de valoriser la production à différent niveaux. Etat des lieux des bénéfices de cette pratique agricole ancestrale.

Un travail de précision plus respectueux pour la vigne

Afin d’éviter le tassement des sols - qui asphyxie et diminue l’espérance de vie des ceps - la suppression du tapis végétal sous les pieds de vigne est nécessaire. Pour cela, le cheval est très apprécié notamment pour le travail du décavaillonnage : une technique qui consiste à désherber sous les ceps afin d’aérer la terre et d’offrir une meilleure pénétration des eaux de pluie. En effet, contrairement aux tracteurs qui peuvent accrocher et arracher facilement un pied de vigne, le cheval sent la résistance et s’arrête.

Au Château Bonisson, à Rognes, toutes les parcelles sont travaillées à la traction animale - Crédit photo : Château Bonisson
Au Château Bonisson, à Rognes, toutes les parcelles sont travaillées à la traction animale - Crédit photo : Château Bonisson

Le principal intérêt de la traction animale dans les vignes réside ainsi dans le fait de traiter chaque rang de vigne et chaque cep de manière quasi individuelle. Un avantage non négligeable si l’on veut éviter de casser trop de pieds de vigne et un raisonnement encore plus pertinent si l’on travaille sur les pieds des vieilles vignes qui permettent la production de grands vins.
Cette précision offre aussi la possibilité d’accéder à des rangs de vignes plus serrés mais aussi à des pentes ou des terrasses qui rendent l’intervention de tracteur quasi-impossible. En outre, le travail de la vigne à cheval est bien plus minutieux puisqu’il permet même de désherber entre les pieds de vigne.

Une solution écologique et une structure du sol plus adaptée à la santé de la vigne

Avec le cheval, le vigneron n’a plus recours aux désherbants chimiques. Une solution qui offre un bilan carbone nul puisqu’aucune énergie fossile n’est utilisée. De plus, cela évite l’utilisation d’outils motorisés et donc des charges inutiles en carburants et lubrifiants.
La traction à cheval dans les vignes favorise aussi la circulation de l’air et de l’eau dans les sols et permet ainsi de créer une structure de sol beaucoup plus adaptée à la vigne. En effet, le sol est préparé à une meilleure infiltration de l’eau, ce qui permet de constituer des réserves en profondeur. De ce fait, l’alimentation en eau est bien meilleure et le ruissellement des excès de pluie est limité, ce qui permet à la vigne d’être plus expressive.

Le décavaillonage au Domaine de Métifiot - Crédit photos : Domaine de Métifiot
Le décavaillonage au Domaine de Métifiot - Crédit photos : Domaine de Métifiot

Un autre rapport au travail apprécié par les vignerons passionnés

En plus d’améliorer la santé de la vigne, les vignerons apprécient travailler avec le cheval sans bruit, ni pollution visuelle engendrée par les machines agricoles. Ces derniers vantent aussi le retour des odeurs, la magie du tintement des outils sur l’attelage et l’émotion ressentie par la relation si particulière qui existe entre l’homme et l’animal.

Le travail du cheval dans les vignes a donc également différents atouts appréciables sur le plan social.
Cette pratique viticole avance certes au rythme de l’animal et cela oblige à travailler autrement de façon plus lente mais plus précise. Pour autant, cela n’est pas désagréable de retrouver la poésie du geste dans une société en pleine transformation digitale où tout ne cesse de s’accélérer. Le cheval devient ainsi un compagnon plus qu’un outil de travail.

Cela implique aussi l’utilisation d’outils plus anciens mais souvent plus adaptés au terroir.
Un retour aux pratiques ancestrales non seulement gratifiant et réjouissant pour certains vignerons mais aussi une pratique appréciée par les clients et le voisinage du vignoble. Certains domaines en profitent même pour acquérir des chevaux mais il existe depuis quelques années des entreprises spécialisées. Une école du cheval vigneron a même été créée pour répondre à cette demande grandissante !

Crédit photo : Domaine Malby
Crédit photo : Domaine Malby

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Crédit photo de couverture : Château Bonisson

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