IGP vin des Hautes-Alpes : une micro appellation qui a de l’avenir ?

IGP vin des Hautes-Alpes : une micro appellation qui a de l’avenir ?

Le vignoble haut-alpin, qui s’étend de la plaine de la Durance à l’Embrunais, fait entendre sa voix. Revigoré par une poignée de vignerons passionnés, ce terroir d’altitude détenteur d’une IGP, possède de nombreux atouts face aux problématiques du réchauffement climatique.

De la commune d’Upaix, au nord de Sisteron, jusqu’aux hauteurs de Châteauroux-les-Alpes, le territoire viticole des Hautes-Alpes, qui possède sa propre IGP depuis 2009, égrène une dizaine de propriétés pour 150 hectares de vignes en production.
Sous l’Antiquité, 7000 hectares de vignes étaient cultivés sur les coteaux montagnards ! Suite à la crise du phylloxéra, il fallut attendre les années 1950 pour qu’un certain Louis Allemand - du Domaine Allemand, propriété historique du département - relance la viticulture. Soucieux de s’adapter au climat et de relancer la production de plants oubliés, le vigneron s’attela à leur observation minutieuse sur une parcelle expérimentale. Grace à son travail ampélographique et à celui de son fils Marc ensuite, le mollard, cépage endémique des Hautes-Alpes, est inscrit au catalogue français depuis 2005. Avec des parcelles plantées entre 600 mètres à 1000 mètres d’altitude, un climat frais à l’influence méditerranéenne, des cépages qui prouvent leur résistance face aux maladies et aux aléas climatiques, le vignoble haut-alpin attire de plus en plus de jeunes vignerons.

Les Hautes-Alpes : un vignoble dynamique

C’est le cas de Maxime et Angela, un couple de passionnés qui a créé son Domaine Les Raisins Suspendus dans l’Embrunais, en 2019. Parmi leurs cuvées, dont certaines dites natures, et qui ne sont pas encore classées en IGP, on citera le rouge de macération carbonique Embruns des Cimes, léger et fruité, qui associe une trentaine de cépages de vieilles vignes et qui raconte le potentiel, auquel le couple croit dur comme fer, de ce vignoble de montagne.

Angelo et Maxime Aerts, du Domaine Les Raisins suspendus
Angelo et Maxime Aerts, du Domaine Les Raisins suspendus

Ici, on a des automnes très ensoleillés, ce qui nous permet de laisser mûrir doucement le raisin, sans canicule ni stress hydrique, jusque mi-octobre, ajoute pour sa part Philippe Bilocq, propriétaire du Domaine Saint-André qu’il cultive en bio depuis 1992. Il fait partie de ces vignerons qui, depuis une vingtaine d’années, s’attèlent à rehausser la qualité des vins du département - légers, frais, expressifs - qui commencent à briller par leurs médailles et sur les tables étoilées.

Domaine Allemand, le vignoble historique des Hautes-Alpes

Mon père a passé 15 ans à réhabiliter le cépage mollard, qui était oublié dans les années 1980-90 car on lui préférait des variétés internationales, plus connues et faciles à travailler, explique Laëtitia Allemand, 3ème génération au domaine. Il donne des rouges légers aux tanins fondus avec peu de degrés d’alcool, note la vigneronne. Mais ce cépage possède aussi un bon potentiel face au réchauffement climatique. Plant montagnard à cycle végétatif court, il débourre tardivement, vers mi-mai, alors que les dernières gelées printanières arrivent vers fin avril, ce qui le préserve des catastrophes. De plus, à pleine maturité, il n’excède jamais 12 à 12,5°C, ajoute Laëtitia.

Laëtitia, propriétaire du Domaine Allemand
Laëtitia, propriétaire du Domaine Allemand

Avec le recul, la vigneronne constate qu’une bonne dynamique s’est instaurée dans les Hautes-Alpes. On a quasiment doublé le nombre de nos vignerons en 5 à 10 ans et notre potentiel suscite l’intérêt. D’ailleurs, nombreux sont les sommeliers, œnologues et chercheurs convaincus que le vin de demain se fera à la montagne, dans ces zones ensoleillés, bien ventilées, aux nuits fraîches, où l’on peut aisément limiter ou bannir les traitements, ajoute-t-elle. Le cahier des charges de l’Indication Géographique Protégée (IGP) donne également aux vignerons une marge de liberté. C’est une nouvelle région viticole qui n’est pas enfermée dans un style de vin, et dans laquelle on peut se permettre des choses, avec des vins sur la tension, l’éclat, la pureté, précise-t-elle. Sa nouvelle cuvée Pompon, un vin rouge nature qui signe son premier millésime en 2020, en est la preuve gouleyante à souhait.

Découvrir les vins du Domaine Allemand ici.

Domaine Les Hauts lieux, vignoble d’altitude

Nantais, expert des enjeux climatiques au vignoble, Mickael Olivon est devenu vigneron en 2019. Après avoir sillonné à vélo les vignobles de montagne jusqu’en Géorgie, il décide de mettre ses connaissances en pratique dans ce bout de vallée du département des Hautes-Alpes. Je voulais me donner la liberté d’expérimenter une viticulture qui me plait sans avoir à traiter 25 fois dans l’année. Ici, on est épargné de la pression parasitaire, on peut faire de la viticulture moderne mais simple, et planter des cépages résistants, explique le néo-vigneron.

Mickael Olivon du Domaine Les Hauts Lieux
Mickael Olivon du Domaine Les Hauts Lieux

Son envie de bousculer la tradition et de réinventer la viticulture qui répondra aux enjeux de demain, l’anime sur tous les fronts. Plus au sud, le Domaine Allemand et le Domaine du Petit Août travaillent très bien les cépages anciens comme le mollard et l’espanenc. Moi, qui suis un peu plus en altitude, je cultive le pinot noir et le savagnin. Mais je crois beaucoup au persan que l’on retrouve en Savoie et au chasan, un cépage blanc taillé pour l’altitude, explique-t-il. Son premier millésime 2019, très chaleureux, a laissé la place à un 2020, plus fin et ciselé. Un vigneron aussi prometteur que passionné dans ces hauteurs préservées.

Découvrir le Domaine Les Hauts Lieux ici.

Plus d’infos sur le territoire des Hautes-Alpes ici.

Crédit photos : Patrick Domeyne – Hautes-Alpes

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