Connaissez-vous la vitiforesterie ?

Connaissez-vous la vitiforesterie ?

Consistant à faire cohabiter sur une même parcelle vignes et arbres et/ou arbustes, cette pratique culturale, participant d’une démarche d’intensification écologique, séduit de plus en plus largement. Grands principes et bénéfices, nous vous en disons plus en 4 questions/réponses.

La vitiforesterie, c’est quoi exactement ?

La vitiforesterie est une pratique agricole consistant à cultiver en parallèle sur une même parcelle de la vigne et des arbres et/ou des arbustes.
Déjà dans l’Antiquité, nos ancêtres ont exploité ce potentiel, laissant cette liane s’accrocher dans les arbres ou tout autre support voisin végétal ou non, et profitant de l’espace laissé vacant au sol pour planter des légumes et céréales. Reprise au Moyen-Âge, cette combinaison de la vigne avec un potager, un verger et de l’élevage permet d’assurer la récolte de différentes denrées au sein d’une même parcelle. Sacrifiée au XXème siècle sur l’autel de la productivité, qui a lui a préféré la monoculture, la vitiforesterie est tombée en désuétude.
C’est ensuite dans le domaine des grandes cultures puis de l’élevage qu’elle a fait son retour, avant d’être adaptée au vignoble depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, elle trouve un nombre d’adeptes croissant à l’heure où la naturalité et la préservation environnementale sont plus que jamais d’actualité.

Comment se pratique la vitiforesterie ?

Chaque exploitant trouvera la forme de vitiforesterie qui lui correspond le mieux en fonction de son terroir (sols, climats, topographie), de ses objectifs et de ses contraintes de production.

Géographiquement, les plantations d’arbres, arbres fruitiers ou arbustes peuvent être faites de différentes façons : au cœur du vignoble (entre les ceps, les rangs ou les îlots de vignes) ou en haies ou bosquets en bordure de champ, parfois même quitte à arracher des ceps ou une parcelle pour planter des arbres/arbustes.

Les orientations Nord-Sud sont fréquemment privilégiées pour limiter et équilibrer l’ombrage des arbres porté sur la vigne.
Lors de l’implantation, le vigneron tiendra aussi compte des impératifs liés au passage des machines fréquemment de grand gabarit, utilisées pour l’entretien et la protection des sols et des vignes, voire pour la récolte mécanisée, en laissant un espace suffisant pour effectuer les manœuvres (surtout en bout de rang).

Quant au choix des essences, d’après l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), il est important d’opter pour des espèces d’arbres rustiques et avec un feuillage léger peu concurrentiel pour la lumière. Favoriser une diversité d’espèces permet d’abriter une faune auxiliaire plus variée. Les objectifs de valorisation du viticulteur (bois d’œuvre, de chauffage, fruits...) peuvent également orienter ce choix.

Quels sont les bénéfices de la vitiforesterie pour la viticulture ?

Si la vitiforesterie se répand de plus en plus, c’est logiquement que les vignerons y trouvent divers bénéfices.
Du point de vue du maintien et du développement de la biodiversité d’abord, cette cohabitation d’espèces est favorable à la richesse botanique, ainsi qu’à la vie aérienne et du sol. Arbres et arbustes servent en effet d’habitat à bon nombre d’animaux (oiseaux, chauve-souris, insectes, micro-organismes), voire de nourriture pour certains d’entre eux. En plus de combattre l’érosion en structurant le sol avec leur système racinaire, arbres et arbustes nourrissent la terre par leur apport en matière organique et fixent le carbone.
Les arbres affichent aussi une utilité certaine dans un contexte de réchauffement climatique par l’instauration du microclimat qu’ils génèrent sur la parcelle. Avec une ombre portée sur une distance d’une à deux fois sa hauteur, l’arbre impacte environ deux rangs de vigne à son nord, amenant une protection face au soleil lors durant les épisodes de chaleur.
A proximité, le cycle de l’eau se trouve également bouleversé, avec un recyclage des ressources hydriques profondes vers l’atmosphère générant une augmentation de l’humidité relative et un refroidissement de l’air, combiné à une circulation différente au sein de la parcelle. Une haie en bord de parcelle permettra quant à elle de limiter les effets de vents latéraux, du gel, mais aussi les phénomènes de dérives lors des pulvérisations de produits phytosanitaires.
D’un point de vue esthétique, la vitiforesterie enrichit voire embellit les paysages. L’introduction d’arbres au sein d’un vignoble est généralement bien perçue par les riverains et des consommateurs de plus en plus sensibles à des systèmes de production respectueux , contribuant ainsi à une image positive associée au produit vendu.
Enfin, en plus d’être économique dans sa mise en place (le prix unitaire global d’un arbre intra-parcellaire planté et protégé est par exemple 18€ HT, d’après l’IFV), la vitiforesterie peut permettre une diversification (fruits, bois de chauffe…).

N’y a t-il pas de risque de compétition entre les arbres et la vigne ?

En matière agricole, pour qu’une parcelle soit considérée en agroforesterie, elle doit contenir moins de 100 arbres par hectare. D’après l’IFV, en viticulture, il est conseillé de se cantonner à une faible densité, soit entre 30 et 40 arbres par hectare. Dans ce type de configuration, il n’y a pas de compétitions mises en évidence sur les 10 premières années de co-plantation (projet Vitiforest).
Pour éviter toute compétition entre arbres et vigne, il est recommandé de veiller à la bonne gestion des arbres pour en limiter l’ombrage, d’adapter l’entretien du sol de la vigne (notamment l’enherbement) et de mettre en action des techniques de fertilisation ciblées, principalement pour les rangs de vigne proches des lignes d’arbres.

Source : www.vignevin-occitanie.com

Article mis à jour par Marie Lallemand.

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