A quoi servent les interprofessions dans le vin ?

A quoi servent les interprofessions dans le vin ?

Tous les marchés du vin à travers le monde ne fonctionnent pas de la même manière ni avec les mêmes codes, encore moins avec les mêmes lois et contraintes en fonction des pays. Il est alors indispensable que des organismes regroupant vignerons, courtiers et négociants puissent agir d’une seule et même voix, que ce soit du point de vue régional, par appellation ou même par pays. Pour ce faire, il existe les interprofessions et autres corporations qui permettent aux vignerons de négocier des accords avec le gouvernement en leur nom et pour leurs intérêts, défendre les terroirs, développer leur activité et bien d’autres missions encore.
Souvent décriés, ils sont néanmoins indispensables afin d’avoir un impact suffisant sur les marchés et surtout permettent aux acteurs des filières viti/vinicoles, de communiquer d’une seule voix selon une même ligne directrice. Voyons comment tout cela fonctionne.

Revenons un peu en arrière... Le système actuel des interprofessions est issu naturellement des syndicats qui étaient des structures locales. Petit à petit, toute la filière s’est organisée en familles professionnelles, de la production au négoce. Certains syndicats ont fusionné, d’autres se sont rattachés les uns aux autres en fonction de leurs liens. C’est tout un maillage qui s’est créé afin de mieux structurer la manière de faire, de vendre et se vendre.
Les premières interprofessions remontent environ à la fin du XIXème siècle, au moment où les besoins en qualité se sont fait ressentir. Il faut préciser que bien qu’ayant des fonctions de soutient, de valorisation et de concertation entre les autorités légales et les vignerons, les interprofessions sont des organismes privés avec cependant des statuts bien spécifiques et une transparence qui doit être totale envers ses adhérents (les vignerons) et les autorités (l’Etat) .

L’exemple du CIVB à Bordeaux (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux)

Un organisme interprofessionnel est avant toute chose un outil de valorisation de toute la filière concernée. Ici en l’occurrence le monde du vin. A Bordeaux comme dans d’autres appellations françaises, le conseil interprofessionnel gère l’image des vins de l’appellation dans sa plus grande pluralité. Et la tâche n’est pas aisée car il doit promouvoir des propriétés très hétéroclites de par leurs tailles, leurs propriétaires (familles anciennes ou non, investisseurs, sociétés…) et leurs situations géographiques et ce, dans une des plus grandes aires de production de vin du monde. Autant vous dire qu’être la direction de cet organisme relève des compétences d’un équilibriste voire d’un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Prière de ne pas froisser mais d’avoir également de la poigne et assumer certaines prises de position !

Quelles sont les domaines de compétence d’une interprofession ?

Ces organismes possèdent plusieurs rôles très importants comme :

• La promotion : valorisation de l’image et mise en avant des vins que ce soit en France, en Europe ou dans le reste du monde.
• La recherche et le développement : tout ce qui peut être mis en œuvre pour adapter les productions en fonction des territoires et des terroirs, des types de marchés mais aussi tout ce qui concerne la sauvegarde de certains cépages, leur résistance aux maladies, les croisements possibles. En bref, tout ce qui permet d’avoir un temps d’avance sur les technologies bénéfiques à la vigne et sur la manière de produire du vin.
• L’économie : régulation des marchés, transparence économique, information et conseils aux acteurs de la filière et négociation d’accords commerciaux.
• La protection des appellations pour certaines interprofessions comme le CIVB à Bordeaux, BNIC à Cognac, BIVB en Bourgogne, etc… Mais aussi la protection des Indications Géographiques comme le CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins à Appellation d’origine et à indication géographique).

Tous ces domaines d’action demandent une trésorerie assez conséquente afin de pouvoir mener à bien des campagnes de communication nationale ou internationale ou encore créer des événements de dégustations ou des salons comme Bordeaux Fête le Vin en collaboration avec la ville de Bordeaux.
Et pour trouver les fonds, en simplifiant quelque peu et en prenant l’exemple du CIVB à Bordeaux, en 2017, son budget était assuré à 82% par les cotisations de ses adhérents via la CVO (Contribution Volontaire Obligatoire) qui porte un nom assez antinomique avouons-le avec un côté volontaire et obligatoire à la fois. Quant aux 18% restants, ce sont des subventions de France Agrimer dans le cadre de l’OCM (Organisation Commune de Marché) pour un total d’environ 30.000.000 d’euros.

Comme vous pouvez le constater, certaines interprofessions ont des budgets très conséquents et d’autres, de par leur superficie géographique moindre et donc le nombre de leurs adhérents plus petit, doivent, à échelle homothétique, faire avec des budgets plus proche d’un à deux millions d’euros comme l’IVBD (Interprofession des Vins de Bergerac et Duras) qui avait planifié 1.85 millions d’euros pour la même année 2017.

Reste à savoir si les vignerons qui participent bon gré mal gré de leur poche au fonctionnement de ces organismes sont totalement satisfaits ou non des actions menées par ces derniers et censés représenter leurs intérêts face à la fois à la législation, à l’administration, au gouvernement, mais aussi et surtout aux clients qu’ils soient professionnels ou particulier.

Toutefois, des voix s’élèvent pour faire valoir le manque de dynamisme de certaines interprofessions dont les visions et actions sont jugées peu profitables pour certains vignerons. D'autres en revanche sont très présentes dans toutes les tâches qui leur incombent. Leur rôle reste néanmoins très important afin de peser dans la balance d’accords commerciaux ou législatifs. Une interprofession représentant des milliers de voix derrière elle, pourra plus ou moins facilement arriver à faire valoir ses intérêts.

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