La consigne dans le vin : à quand la réutilisation de nos bouteilles ?

La consigne dans le vin : à quand la réutilisation de nos bouteilles ?

La consigne est d’actualité, elle permet de recycler les bouteilles sans les détruire avec un avantage énergétique net. Elle demande la mobilisation des politiques et des changements sociétaux mais soulève aussi des questions techniques et logistiques fortes. Dans une ère où les économies d’énergies sont prioritaires, on ne peut cependant nier le besoin de changer de système.

La consigne, cette bonne vieille technique qui consiste à redonner ses bouteilles vides contre bénéfice pour les réutiliser, rencontre de nombreux challenges dans le secteur du vin en particulier. Elle apparaît pourtant comme un excellent système pour réduire le bilan carbone du verre. Les challenges sont importants dans le secteur du vin où les formats se multiplient. Une étude dévoilera bientôt l’ampleur de cette diversité, pour pouvoir mieux agir demain.

La politique s’en mêle concernant les sodas, l'eau, le lait… Généraliser la consigne en verre d’ici 2 ans, c’est l’annonce du gouvernement en ce début de mois de juin 2023 qui devrait aider à la mobilisation.
Dans les années 60-70, la consigne était la norme en France mais aujourd’hui avec la facilité d’utilisation des bouteilles jetables, seulement 0.1% des bouteilles sont réemployées. Avec cette annonce de l’Etat, associée aux hausses des coûts d’énergie, la consigne semble prendre un nouvel envol. Cela a tout pour nous plaire quand on sait qu’elle représente 75% de gaz à effet de serre en moins par rapport à une bouteille plastique à usage unique (RFI).
Aujourd’hui déjà, des entreprises comme Le Fourgon livrent et récupèrent les bouteilles avec un bonus de quelques centimes crédités pour chaque unité rapportée. Dans le secteur du vin en France, on retrouve notamment Oé qui a créé des gammes de vins propres, aux bouteilles consignées.

Pourquoi consigner plutôt que recycler ?

Bien qu’il existe quelques matériaux pour remplacer le verre, la bouteille en verre est encore destinée à rester parmi nous, et est l’une des principales sources d’émission carbone dans le secteur du vin. On retrouve donc des avantages économiques et énergétiques à réutiliser une bouteille.

En terme de limitation des coûts, stériliser un pot coûte par exemple environ 20 centimes au crémier, il est à 45 centimes neuf. En termes de longévité, une bouteille à la brasserie Météor, par exemple, est utilisée en moyenne 19 fois et tourne donc pendant plus de 6 ans (source RTL).

Consigner c’est aussi limiter la place des déchets. Au-delà du prix du verre qui a doublé depuis la guerre en Ukraine, on sait que l’emballage en plastique coûte moins cher, mais fait beaucoup plus de déchets dans la poubelle. Et si 30% du verre est jeté à la poubelle, il reste 70% à aller mettre à la benne : peu pratique !

La consigne, c’est aussi un moyen pour fidéliser le consommateur dans ce monde où la tendance est au changement permanent des choix des consommateurs en magasin. Quand on rapporte une bouteille consignée ou que le camion vient la chercher, on a un engagement sur le long terme avec le produit.

Quels sont les freins à la consigne ?

La standardisation des packagings est l’un des freins majeur. Actuellement, la consigne est majoritairement organisée par marques qui récupèrent chacune de leurs bouteilles pour les remettre dans leur propre circuit, comme chez les brasseurs par exemple, ou pour les bouteilles d’eau et de soda. La consigne gagnera beaucoup en généralisant la réutilisation des mêmes pots par plusieurs acteurs.

Cependant, le contenant faisant aussi partie du marketing, on rencontre des résistances notamment des grands groupes.

Des sociétés spécialisées mutualisent le lavage, le tri et la stérilisation du verre pour ensuite le redistribuer comme Luz’ine près de Langon en Gironde. Si cela marche bien dans la bière ou le yaourt, dans le vin, c’est compliqué car les modèles sont moins standards et réutilisables. Le parcours client de la consigne doit donc être standardisé, en commençant par les supermarchés qui n’y trouvent pas encore leur intérêt.

D’autres freins à la consigne apparaissent, dans le secteur du vin par exemple, comme la multiplicité des formats, la gravure du lot sur les bouteilles, les solvants utilisés pour les étiquettes

Une étude à grande échelle lors de la London Wine Fair 2023

C’est au début de l’année que l’entreprise Sustainable Wine Solution à Londres et la fondation du Porto Protocol ont décidé de prendre le taureau par les cornes et d’évaluer les challenges de la consigne dans le secteur du vin en étudiant les 30 000 bouteilles récoltées à la fin du salon.
Quelles contraintes peuvent empêcher une bouteille de vin d’être réutilisée ? L’étude devra permettre de répertorier et classer l’intégralité des bouteilles collectées en fonction du type de bouteille, du pays d’origine et de multiples autres facteurs. Il mettra aussi en lumière les raisons de l’impossibilité de consigner une bouteille.
Pour Adrian Bridge, PDG du Porto Protocol, Il s'agit d'une initiative qui illustre le rôle de leader que l'industrie du vin joue dans les questions liées au changement climatique. (...) Le fait que la législation qui encadre les emballages évolue dans le bon sens mais que le délai soit restreint pour s’améliorer (objectif 2030 pour la plupart des pays) nous pousse à sérieusement regarder ce que l’industrie du vin a commencé à faire, et peut faire dès demain.

Muriel Chatel, Directrice Générale SWS (Sustainable Wine Solution) est elle convaincue que toutes les bouteilles devraient avoir la possibilité d’être réutilisées, mais si nous voulons être acteurs de cette transition, il est important de bien comprendre le contexte actuel et les enjeux. Combien de formes de bouteilles existent ? Personne ne peut le dire. Le rapport permettra donc d’avoir des données et de pouvoir agir en s’engageant sur la voie de la standardisation des contenants.

A bientôt pour le rapport !

Lisez aussi notre article La bouteille consignée de retour ?

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