Tout savoir sur la coulure

Tout savoir sur la coulure

“Cette année n’a pas été facile, on a eu de la coulure du coup la récolte a été compliquée”. Si vous avez l’habitude de discuter avec des vignerons, vous avez déjà entendu cette phrase. Mais qu’entendent-ils réellement par “coulure” ? Il est temps de comprendre !

Conséquences de la coulure

La coulure n’est ni une maladie, ni un insecte. C’est un processus naturel survenant durant la nouaison, durant lequel un certain nombre de fleurs de vigne chutent. La raison ? Ces fleurs ont mal été fécondées, voire pas du tout : on parle de coulure physiologique. Rien de notable en soit donc, à part lorsque d’autres facteurs exacerbent ce phénomène, induisant une chute de fleurs significatives pouvant impacter la récolte d’autant. On parle alors de coulure accidentelle et elle peut avoir différentes origines.

Vignes en cours de floraison (inflorescences)
Vignes en cours de floraison (inflorescences)

Une mauvaise photosynthèse

La principale cause de coulure est une mauvaise photosynthèse. Si le début de la saison a été très peu ensoleillé, voire même que la fin de la saison précédente a été trop mauvais pour que la plante constitue suffisamment de réserves glucidiques, la vigne va considérer que l’écosystème dans lequel elle évolue est impropre à la propagation de son espèce et va s’auto-réguler. En somme, elle va elle-même saborder sa floraison pour concentrer les ressources sur ses fonctions vitales et assurer sa survie.

Vignoble italien (Chianti) en difficulté avant même la période de floraison
Vignoble italien (Chianti) en difficulté avant même la période de floraison

A fortiori, une taille excessive peut être responsable d’une coulure importante car le peu de feuilles restant sur la plante ne permettra pas de subvenir aux besoins des fleurs. Une forte sécheresse en début de saison peut avoir les mêmes conséquences : la plante n’aura pas développé suffisamment de feuilles pour permettre une bonne photosynthèse, comme ce fut le cas en 2023 dans les Pyrénées orientales.

Une absence de fécondation

Dans le cas de la vigne, la pollinisation est principalement autogame, ce qui signifie que la fleur est pollinisée par son propre pollen ou par celui des fleurs voisines sur la même vigne. Normalement, vous avez compris que les abeilles ne jouent aucun rôle dans la pollinisation des fleurs de vigne, elles sont autonomes ! Cette étape dure quelques jours à peine, pendant lesquels une météo clémente est indispensable. En effet, en cas de pluie, l’eau lessive le pollen et le met à terre, empêchant la fécondation des fleurs qui auraient donné les baies de raisin. On dit même que le pollen “coule”. En l’absence de fécondation, la fleur va dépérir, sécher puis tomber d'elle-même.

Le cas particulier d’une mauvaise fécondation

Il peut arriver que la fécondation ait lieu, mais n’ait pas été optimale. Dans ce cas, il est possible que la fleur ne tombe pas d’elle-même. La croissance de la baie de raisin va s’amorcer, mais elle sera souvent plus petite que ses voisines. On parle alors de millerandage, et en général, plusieurs baies sont affectées, causant une grappe à la maturation hétérogène, ce qui peut poser des problèmes lors de la récolte et de la vinification.

A noter que des études ont montré que le Bore, cet élément chimique naturellement présent dans les sols, était indispensable à une bonne fécondation de la vigne. Une carence en Bore causera bien souvent coulure et millerandage sur la parcelle.

Développement hétérogène des baies de raisin sur une grappe
Développement hétérogène des baies de raisin sur une grappe

La coulure, conséquence de maladies tierces

Dans le cas où le vignoble est affecté par d’autres maladies, la coulure peut très bien être une affliction additionnelle. On peut prendre l’exemple de certaines maladies du bois qui empêchent la bonne circulation de la sève au sein de la plante, empêchant dès lors la bonne nutrition des fleurs.

Un excès d'azote peut également provoquer de la coulure. En effet, l’apport massif et soudain va stimuler la croissance des feuilles et des tiges. Sauf que si la vigne alloue plus de ressources à sa croissance végétative, cela peut se faire au détriment de la floraison, générant de la coulure. De la même, un porte greffe trop vigoureux pourrait pousser la plante à prioriser la croissance végétative.

Gestion de la coulure

La coulure étant en grande partie due à de mauvaises conditions météorologiques, il est quasiment impossible de l’éviter, surtout si l’année s’amorce par un printemps morose. Elle est d’autant plus problématique que très souvent, elle va de pair avec le millerandage. Certaines variétés y sont par ailleurs plus sensibles, comme le Grenache, le Malbec ou le Merlot.
Des mesures de précaution peuvent néanmoins être adoptées pour en minimiser la sévérité et l'impact. La gestion attentive du vignoble, incluant une taille équilibrée, la gestion de la densité du feuillage, l'optimisation de la nutrition, et l’utilisation de clones résistants peut contribuer à réduire le risque de coulure.

En cas d’atteinte sévère, la récolte manuelle peut permettre de sélectionner uniquement les grappes les plus saines et les mieux mûries. Cela ne permettra malheureusement pas de rattraper les volumes perdus, mais pourra tout de même aider à préserver la qualité du vin.

Crédits photos : Dalkia Loves Wine

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